81 milliards de dollars perdus en 2025: Elon Musk est-il la première victime de la politique de Donald Trump?

Elon Musk s'exprime alors que le président américain Donald Trump tient une réunion de cabinet à la Maison Blanche le 26 février 2025 à Washington. - AFP
"L'âge d'or des États-Unis commence aujourd'hui", assurait le 20 janvier dernier Donald Trump lors de sa prestation de serment promettant de "redonner la foi, la richesse, la démocratie et la liberté à nos concitoyens".
L'âge d'or aurait-il un petit retard à l'allumage? Pour Elon Musk en tout cas, ce début d'année 2025 est fait d'un autre métal moins précieux. Le milliardaire a vu sa fortune fondre de plus de 81 milliards de dollars depuis le 1er janvier. Pire, depuis le pic atteint le 17 décembre dernier, le patrimoine du patron de Tesla s'est écroulé de 135 milliards de dollars, passant de 486 milliards à 351 milliards de dollars selon le Bloomberg Billionaires Index.
Après l'euphorie boursière post-victoire de Trump, les indices américains déchantent depuis le début de l'année. Particulièrement celui des valeurs technologiques, le Nasdaq, qui a rendu 4% en 2025. Mais Elon Musk sous-performe largement l'indice avec une chute de près de 19%.
La faute à Tesla qui dévisse de 20% depuis le début de l'année et qui est repassé sous la barre symbolique des 1.000 milliards de dollars de capitalisation la semaine dernière. Le constructeur pâtit de ses ventes médiocres en Europe (à peine 7.500 immatriculation en janvier) alors que les ventes d'électriques ont bondi de 34%, de ses gammes vieillissantes moins attractives ainsi que de ses nouvelles fonctionnalités de conduite autonome jugées décevantes en Chine où elles viennent d'être lancées. Le fabricant américain semble avoir du retard en la matière sur ses concurrents chinois comme BYD qui permettent par exemple le stationnement à distance.
"Trop de temps au Doge"
Par ailleurs, les cryptos, la marotte du milliardaire, sont quasiment toutes dans le rouge cette année. À commencer par les plus spéculatives d'entre elles, les memecoins, en pleine déroute et au plus bas depuis trois ans.
Si on ajoute à ce paysage l'explosion spectaculaire mi-janvier du deuxième étage de la fusée Starship, ce sont tous les piliers de la galaxie Musk qui vacille en ce début d'année.
Le milliardaire est-il responsable de ces déconvenues? Absorbé par son Département de l'efficacité gouvernementale (Doge), l'homme d'affaires semble passer plus de temps à Washington que dans ses usines.
"L'inquiétude de Wall Street est que Musk consacre autant de temps (même plus que prévu) au Doge, au détriment de Tesla, à un moment crucial pour l'entreprise", estiment les analystes de Wedbush dirigés par Daniel Ives dans une note publiée lundi 24 février.
L'analyste reste cependant encore modérément optimiste considérant que "Musk a toujours été capable d’équilibrer ses innombrables initiatives mieux que n’importe quel autre PDG que nous ayons vu".
Une politique défavorable à Tesla?
Au-delà de la stratégie de Tesla, n'est-ce pas la politique prônée par Donald Trump qui pourrait finalement handicaper le constructeur? Retour en force du pétrole, hausse des droits des douanes, bataille commerciale avec la Chine et l'Europe... A priori rien dans les grandes orientations du locataire de la Maison Blanche n'est de nature à profiter à Tesla.
Pourtant, en novembre dernier, portés par une vague d'optimisme rarement vue, les marchés saluaient "les perspectives très favorables" à Tesla. Les baisses de subventions sur l'électrique? Elles ne nuiraient qu'à la concurrence, la société d'Elon Musk ayant trop d'avance sur le marché. La hausse des droits de douane aux États-Unis? Un avantage pour Tesla qui n'aurait pas à subir la concurrence chinoise.
Las, trois mois plus tard, les marchés semblent avoir retiré leurs lunettes roses et commencent à douter des bienfaits sur l'économie américaine et sur les intérêts d'Elon Musk en particulier de la remise en cause des fondements du commerce mondial.
