BFM Business
Economie

3000 conteneurs perdus en 3 mois: pourquoi les chutes de marchandises dans les océans se multiplient

Ces trois derniers mois, 3000 conteneurs ont été perdus en mer. La faute aux conditions météo, mais également à la crise sanitaire.

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il a pris des proportions particulièrement inquiétantes ces trois derniers mois. Depuis décembre, environ 3000 conteneurs arrimés à des bateaux sont tombés dans les mers et océans du globe. A titre de comparaison, on estime à 1382 en moyenne le nombre de conteneurs perdus en mer chaque année sur la période 2008-2019, et même à 779 entre 2017 et 2019.

Conditions météo, crise sanitaire et opacité

Alors, comment expliquer cette brusque accélération? D’abord par les conditions météo, particulièrement agitées ces trois derniers mois, notamment dans le Pacifique. Lorsqu’un navire est pris dans une tempête, il peut en effet être confronté au phénomène de "roulis paramétrique" qui fragilise sa stabilité, jusqu’à lui faire perdre parfois une partie de sa cargaison.

Autre explication: la crise sanitaire qui a contraint de nombreux ports mondiaux a travaillé en sous-effectif alors que le commerce maritime est en surchauffe depuis six mois. Résultat, les cadences de chargement sont élevées, les ouvriers fatigués et les conteneurs parfois mal arrimés au navire.

Enfin, la dernière cause est plus ancienne et presque culturelle. Elle réside dans l’opacité des chargements. Et pour cause, il ne s’agit que de déclaratif. En clair, une entreprise peut annoncer un conteneur d’une masse totale de trois tonnes, alors qu’il en fait dix et personne probablement n’ira vérifier, les conteneurs étant scellés. Ce manque de contrôles provoque parfois des déséquilibres sur le navire avec des charges lourdes placées en haut et des légères en bas. Idéal pour que le château de cartes s'effondre.

Conséquences environnementales et économiques

Le phénomène a de lourdes conséquences. Ecologiques d’abord puisque des milliers de conteneurs tombent au fond des océans, sans que personne ne vienne les récupérer, ou s’échouent sur les plages depuis la fin des années 1950. Certains, lorsqu’ils flottent, peuvent en outre constituer une menace pour les bateaux de pêche ou de plaisance.

Pour les entreprises, la chute des conteneurs peut aussi représenter un certain coût. En novembre dernier, le navire ONE Apus de la compagnie japonaise ONE a perdu 1800 containers en une fois. Résultat : 200 millions de dollars de pertes.

Certains experts réclament davantage de régulation et de contrôles pour lutter contre cette externalité négative. Mais les choses traînent. Et pour cause, beaucoup considèrent qu’au regard des 220 millions de conteneurs qui s’échangent chaque année, la perte de 3000 d’entre eux ne représente qu’une goutte d’eau…

Jean-Baptiste Huet avec Paul Louis