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Mort de Noam écrasé par un train touristique à Cannes: au premier jour du procès, l'émotion de la mère du petit garçon toujours vive

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Le procès de l’accident tragique ayant causé la mort du petit Noam, s'est ouvert avec une audience marquée par une intense émotion. Le 4 août 2020, le petit garçon âgé de 18 mois est écrasé par un train touristique de la ville de Cannes.

Une émotion toujours palpable. Le procès de la mort de Noam a débuté, ce vendredi 21 mars, dans l'enceinte du tribunal de Grasse. Le 4 août 2020, vers 16 heures, la mère du garçon de 18 mois, est en vacances à Cannes lorsque son fils échappe brièvement à sa vigilance avant d’être percuté par le petit train touristique circulant sur la promenade.

Le véhicule a roulé une première fois sur l’enfant, puis une seconde fois, faute d’avoir immédiatement perçu la situation. Malgré l’intervention des secours, le petit garçon est mort.

Sur le banc des accusés, le chauffeur du train, la Société cannoise des transports et la mairie de Cannes, tous les trois prévenus, étaient présents pour écouter le témoignage poignant de la mère de la jeune victime.

"Elle supplie d’être sédatée"

Appelée à la barre, elle a livré un témoignage déchirant, exprimant une douleur immense et une quête de justice. Face à la cour, elle a d'abord décrit son bonheur avant le drame avant que cette journée du 4 août ne tourne au cauchemar.

"J’ai vu les secours faire un massage cardiaque sur mon bébé. Cette image me hante, ma vie a été détruite. Ils m’ont pris le sens de ma vie. Comment un train peut circuler sur une zone piétonne? Je suis anéantie. Mon fils était tout pour moi. On m’a privé de tout", a-t-elle déclaré. "J’adorais la vie, vous pouvez savoir comme il sentait bon. Avant, il était là et il n’est plus. Mon seul refuge, c'était la nuit, avant la nuit, c'était terrible… Maintenant, je rêve et je vois Noam", a-t-elle ajouté.

Peu de temps après ce témoignage, l'avocat des parties civiles a lui aussi souligné la profonde tristesse qui touche la mère de la jeune victime. "Sa vie s’est arrêtée à cet instant. Elle supplie d’être sédatée, elle mettra trois mois à rentrer chez elle", a déclaré le conseil.

La présence du train au centre des débats

Durant cette audience, l'enjeu a été de déterminer les responsabilités de chacun des prévenus. Le conducteur du train a longuement été interrogé sur sa conduite avant le drame. "C'est quelque chose qui m'a touchée. J'ai beaucoup de peine pour madame. Ça m'a bouleversé, je pense chaque instant à cette maman", a-t-il d'abord assuré devant la cour avant de revenir sur la vitesse à laquelle il roulait durant le drame.

"Si on enclenche la première, le train ne peut pas dépasser les 15 km/h", a-t-il assuré. Une affirmation contestée. Un expert a conclu que la vitesse était inadaptée, affirmant que le train roulait à 20 km/h et que "la vitesse retenue était de 20km/h, ce qui n'était pas adapté".

Il a également analysé les traces de freinage et estimé que "le train a parcouru les 18 mètres en 10 secondes, ce qui donne une vitesse d'environ 6-7 km/h". La Présidente a conclu que "la vitesse n’était pas adaptée" et que le train roulait à une vitesse supérieure à celle préconisée.

"La vitesse n’était pas adaptée"

La Présidente a soulevé la question des panneaux de l’exposition photo qui aurait gêné le chauffeur dans sa conduite. "Il y avait des panneaux qui pouvaient gêner la visibilité. Ça pouvait me gêner. Sur le côté gauche, je pouvais moins voir", a assuré le conducteur.

Sur ce sujet la représentante de la mairie de Cannes a répondu. "Cette exposition autorisée par le Conseil municipal, exposée avec des espaces réguliers, n’a posé de problèmes à aucun moment jusqu’à ce jour", a-t-elle souligné.

Elle a insisté sur le fait que "personne n’a fait état de cette gêne même dans les auditions du 4-5 août". Toutefois, elle a concédé que si un problème de visibilité avait existé, l'exploitant l'aurait signalé.

Interrogée sur sa responsabilité dans cet accident, la municipalité a insisté sur la responsabilité du préfet. "Le préfet est l’autorité compétente pour donner l'accord pour les petits trains. Le trajet et le stationnement sont sous sa responsabilité", s'est-elle dédouanée. "Le préfet et l'exploitant auraient pu modifier le trajet", a-t-elle ajouté.

Du côté de la partie civile, les défaillances administratives ne font aucun doute. "Ce qu’on reproche à la mairie, c’est d’avoir permis de faire quelque chose d’interdit par la préfecture", a asséné l'avocat de la mère de la victime.

En conclusion, l’avocat des parties civiles a mis en lumière les erreurs graves des autorités, notamment de la mairie et de l’exploitant du train, et la souffrance insupportable de la famille. "Il n’y a pas d'après pour cette femme, il n'y a pas de mots pour soulager cette douleur", a-t-il conclu.

36 mois d’emprisonnement avec sursis

36 mois d’emprisonnement avec sursis ont été requis pour homicide involontaire contre le conducteur du train, qui est reconnu comme étant expérimenté, mais coupable d’un manque de vigilance ayant conduit au drame.

Une amende de 50.000 euros a été demandée à l'encontre de la Société Cannoise des Transports, accusée d’avoir négligé la sécurité et de ne pas avoir défini de règles claires pour la circulation du train en zone piétonne.

80.000 euros d'amende ont été requis contre la mairie de Cannes pour sa défense jugée insuffisante et pour son manque de prise de responsabilité dans l’organisation de la circulation du train. Le délibéré aura lieu le 18 avril à 14 heures.

Manon Aversa avec Sylvain Allemand