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Seyne-les-Alpes: menacée par un référendum, certains habitants se mobilisent pour sauver la station de ski du Grand Puy

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Alors que le référendum citoyen se déroule ce dimanche, une dizaine de Seynois se sont retrouvés vendredi à la station du Grand Puy pour faire valoir leur avis: les télésièges sont une valeur essentielle du domaine skiable.

Au pied des remontées mécaniques de la station du Grand Puy (Alpes-de-Haute-Provence), les mines étaient renfrognées et les échanges animés un peu plus tôt en ce début du mois d'octobre.

Mais alors qu'un référendum citoyen portant sur la question de la potentielle fermeture de la station se tient ce dimanche 6 octobre, pas question pour ces quelques Seynois de mettre un terme aux activités skiables du domaine, âmes du territoire.

Parmi le petit groupe de contestataires, l’ancien gestionnaire des remontées mécaniques de la station. "Ce télésiège est la colonne vertébrale de la station, s’impatiente Claude Guarino. Il ferait vivre les activités hors neige."

Les habitants proposent des solutions alternatives

Ses congénères opinent bruyamment. Chacun y va de sa solution. L’un suggère de prolonger le roulement des remontées mécaniques sur une durée plus étendue. Un autre insiste sur la mise en place d’animations à faible coût et grosse rentrée.

Robin Bernier plus qu’optimiste, y voit un gain de temps précieux. "Le bike parc a un potentiel monumental, s’agite le terrassier et ancien rider pro. On pourrait doubler le nombre de pistes et miser sur le télésiège pour rapatrier tout le matériel en hauteur. Ce serait nettement plus simple, plus écologique et on s’épargnerait la question logistique des camions, des remorques pour les vélos..."

Nouvelle salve d’approbation. Christian Mollet s’agace. "Tout est neuf, soupire le moniteur de ski. Démonter et tout mettre à la ferraille... On croit rêver!"

"Le début du lâcher-prise des politiques"

Claude Guarino, dubitatif, profite de la réunion pour questionner les chiffres de revente du système motorisé présentés par le cabinet d’étude chargé de l’analyse de la situation.

"Je me suis renseigné auprès des autres stations, entame-t-il, sourcils froncés. L’on m’a répondu qu’un télésiège d’occasion ne valait pas plus de 600 à 700.000 euros. On est loin de la somme retenue par la municipalité, qui prétend pouvoir gagner jusqu’à 1,6 million d’euros."

Loin, aussi, du remboursement des annuités. Car, pour rénover le moyen de transport, la mairie a contracté un emprunt - qui pèse de plus en plus lourd sur le budget communal. En huit ans, ce sont plus de 2 millions d’euros qui ont été injectés dans le domaine skiable. L’année dernière, la station a hérité d’une subvention de 350.000 euros, principalement dirigée vers le colmatage dudit crédit.

En juin dernier, les conseillers municipaux évoquaient le fait de vouloir réorienter ces dépenses vers l’entretien de la commune. Pour certains, l’argument ne passe pas. "Avec les sous de la revente, on va faire une nouvelle mairie, une nouvelle école, s’occuper de la plaine des loisirs et rembourser l'emprunt pour la piscine, liste anxieusement l’ancien gestionnaire des remontées. Et puis quoi encore?"

Christian Mollet, lui, accuse une "solution de facilité" : "Je pense que c’est un choix politique. Il y a des raisons environnementales, bien sûr. On ne peut pas mettre un bandeau sur les yeux et oublier le réchauffement climatique. Mais c’est le début du lâcher-prise des politiques qui gèrent les stations en basse altitude", développe-t-il.

"Il faut au moins 50% de participation"

Qu’ils soient pour ou contre la cession des activités skiables, les habitants sont donc conviés à venir partager leurs convictions ce dimanche.

Afin que l’avis général soit pris en compte, au moins 50% des électeurs inscrits doivent assurer le déplacement en bureau de vote.

"Si la participation est inférieure à 50%, le résultat obtenu aura valeur de consultation, prévient Laurent Pascal, le maire de Seyne. Ce sera au conseil municipal de trancher à la fin du mois s’il valide ou non la proposition faite à la population."Le résultat du référendum est attendu ce dimanche 6 octobre en fin de journée.

Estelle Hottois