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Gap: l'union de la gauche déjà minée par des dissensions internes avant les municipales?

La mairie de Gap en 2011.

La mairie de Gap en 2011. - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Ni La France Insoumise (LFI), ni le mouvement Ambitions pour Gap ne semblent avoir participé aux discussions avec le reste de la gauche pour désigner Élie Cordier, dont la candidature a été annoncée vendredi 15 novembre.

Vendredi 15 novembre, 19h08. Un communiqué est envoyé à la presse. Il est signé d’une toute nouvelle boîte mail, intitulée Union pour Gap. Sept lignes expliquant qu’un accord a été trouvé pour rassembler la gauche en 2026 dans le cadre des élections municipales. Élie Cordier sera la tête d’une liste soutenue par Les Écologistes, le Parti communiste, le Parti socialiste et les mouvements d’opposition au conseil municipal Gap Autrement (dont il est membre) et Territoires Écologies et Solidarités.

"Il s'agit de la première fois qu'une liste d'union de la gauche si large se présente aux élections municipales à Gap", dit le communiqué, qui se termine par un ambitieux "Jusqu’à la victoire".

Si le scénario est vendeur, la réalité semble moins reluisante. "Je suis arrivé à une réunion où des participants étaient conviés depuis deux heures", réagit, estomaqué, Michel Philippo, adhérent de la France Insoumise (LFI). Il était bien présent vendredi en début de soirée au Diversion, à une réunion censée lancer l'aventure municipale.

Une méthode décriée

"Ce communiqué de presse est parti en pleine réunion. Tout était déjà prêt sans nous", poursuit de son côté Charlotte Kuentz, du mouvement Ambitions pour Gap. La conseillère municipale d’opposition, comme l’ancien candidat insoumis aux élections législatives, n’ont pas du tout apprécié la méthode.

Pour eux, la candidature d’Élie Cordier semble arriver comme un cheveu sur la soupe et "l’union" des gauches se serait décidée sur un coin de table, sans aucun échange avec leur mouvement.

"La méthode employée est pour le moins cavalière: mettre deux groupes sur cinq devant le fait accompli, sans respecter le temps de la réflexion ni celui de la co-construction qui s’impose à toute union 'moderne', prétextant l'urgence, la peur du RN ou des élections proches. Cela ne laissait, en aucune manière, la place à un ou une autre candidature, ni même, à la moindre contradiction", tance Charlotte Kuentz.

Michel Philippo est sur la même longueur d’ondes: "D’abord les idées, puis le programme et enfin les visages. En tout cas, nous, nous participerons à cette élection municipale. En 2020, nous ne voulions pas ajouter de la division à la division. En 2026, ça changera et on sera là…", prévient l’insoumis.

"La gauche la plus nulle de France"

Dans le camp d’en face, on se frotte déjà les mains de cette situation. "On a à Gap la gauche la plus nulle de France", raille une figure de la droite gapençaise. Et de poursuivre: "Plutôt que de s’unir et de faire monter le RN pour mettre Didier [Roger Didier est maire de Gap depuis 2007, NDLR] en difficulté, non, ils préfèrent y aller par surprise et sans logique. Élie Cordier est un garçon intelligent. Mais là, il part d’une bien mauvaise manière. Le timing et la méthode ne sont pas les bons".

Si la route vers 2026 est encore longue, Élie Cordier va devoir la jouer collectif s’il souhaite passer la ligne d’arrivée en tête.

En 2020, Charlotte Kuentz et son mouvement Ambitions pour Gap avaient rassemblé pas moins de 33% des suffrages aux élections municipales à Gap. Deux ans plus tard, Michel Philippo recueillait près de 6.000 voix à Gap sous la bannière Nupes au second tour des élections législatives. Sans ces deux-là autour de la table des négociations, la conquête de Gap semble illusoire pour la gauche.

"La porte est évidemment ouverte"

Mais le conseiller d’opposition, grand artisan de la récente victoire de Marie-José Allemand (Nouveau front populaire) aux législatives à Gap, n'écarte pas l'idée d'inclure Kuentz et Philippo.

"La porte est évidemment ouverte, mais nous n’avons pas le luxe, à Gap, d’attendre des mois et des mois pour trancher. Nous voulons gagner. On a une union de la gauche qui n’a jamais été aussi large. Notre ligne rouge, c’est qu’un groupe ne peut pas avoir en son sein une personne qui travaille pour la droite marseillaise. Nous voulons une vraie cohérence politique avant de discuter", déclare Élie Cordier ce lundi matin.

Une pique à peine voilée à l’encontre du Gapençais Christophe Pierrel. Ancienne tête de liste d’Ambitions pour Gap en 2020, le socialiste a récemment participé au débat citoyen autour du Plan Marseille lancé par Romain Simmarano, le directeur de cabinet de Renaud Muselier, comme l'a révélé le journal La Provence.

Valentin Doyen