Alpes-de-Haute-Provence: les résidents de l'Ehpad de Banon opposés au déménagement

Un projet loin de faire l'unanimité. Alors que le projet de rénovation de l'Ehpad de Banon en est aujourd'hui à son troisième appel d'offres, les conditions de réalisation des travaux ne conviennent pas aux résidents.
Ces derniers devaient à l'origine rester sur le site pendant les travaux, mais vont désormais devoir, tout comme le personnel, changer de site pendant 18 mois. Une solution qui n'est pas envisageable pour beaucoup d'entre eux, ainsi que leur famille.
"Partir, pas question", martèle auprès de BFM DICI Norbert, résident de l'établissement, qui refuse de quitter les lieux. "Il nous reste un petit peu de vie on ne va pas la perdre en partant d'ici."
"J'ai mes habitudes, je connais bien les aides-soignantes, je ne veux pas partir", confirme Gisèle. Janny est quant à lui arrivé il y a un an à l'Ehpad et ne veut pas quitter les lieux. "On s'est fait des amis ici, j'ai bien fait ma vie et je suis tranquille ici. Je ne veux pas partir."
Ils étaient censés rester pendant les travaux
Le nouveau projet de rénovation vise à augmenter la capacité d'accueil de l'Ehpad, pour à terme passer de 49 à 66 résidents, avec un pôle d'activités et de soins adaptés et un service de soins infirmiers à domicile.
"Le principe était de faire une construction et de réhabiliter en 3 phases. Le marché avait été lancé avant la crise de la covid, mais entre temps il y a eu l'impact de la crise énergétique et ukrainienne", explique Franck Pouilly, le directeur du Groupement hospitalier de territoire des Alpes-de-Haute-Provence. "Le premier appel d'offres n'a donné aucune réponse en raison de l'éloignement du site, du coût de transport et d'une opération prévue à l'origine en site occupé."
Mais réaliser des travaux avec les résidents présents sur le site s'est avéré plus compliqué que prévu en termes de normes de sécurité.
"Plusieurs familles avaient demandé à nous rencontrer, parce que faire des travaux pendant 36 mois en site occupé c'était beaucoup de désagréments, du bruit, de la poussière et on avait des remarques des pompiers car à chaque phase il fallait revalider le site en termes de sécurité incendie, donc l'opération était complexe", poursuit Franck Pouilly.
Un deuxième appel d'offres avait alors été lancé. Deux entreprises avaient répondu, mais en proposant le double du prix prévu. Impossible financièrement pour l'hôpital d'engager le chantier, malgré des travaux nécessaires.
"On est obligé de faire des travaux pour des raisons d'incendie et d'énergie parce que toute la partie électrique rentre dans un système d'obsolescence."
Un "meurtre collectif"
Au total, dix réunions ont été faites avec le département de l'Agence régionale de santé pour trouver une autre solution. La seule possibilité qui s'est dégagée a été de réaliser les travaux en site inoccupé, en réduisant ainsi le temps de travaux de 36 à 18 mois. Une solution qui pose toutefois le problème de pouvoir permettre aux résidents d'avoir une autre place en Ehpad et aux personnels de trouver un autre poste.
Mais les arguments pour justifier les travaux ne sont pas entendus par les résidents et leur famille. "Ce qu'il faut comprendre, c'est que les personnes âgées ont besoin, non pas de confort et d'esthétique, mais de présence humaine", déclare Marie Chantelot, membre du Collectif des parents et résidents de l'Ehpad. D'autant que les autres Ehpad "sont loin", souligne le collectif, qui dénonce par ce déménagement un "meurtre collectif".
"Il n'y a pas assez de personnel, alors les familles s'investissent, et là ça sera impossible. C'est de l'inhumain. Ça va être aussi mortel que le covid parce que les gens vont en mourir. Il faut l'assumer", conclut Marie Chantelot.
La direction dit de son côté comprendre les inquiétudes des résidents, mais se trouve impuissante. "On n'a pas d'autres solutions", déplore Franck Pouilly. Le marché va être relancé et les résultats devraient être connus en février prochain, avec un début des travaux programmé pour octobre 2024.