"Une demande de marché limitée": Stellantis renonce à son système de conduite autonome de niveau 3

Marche arrière sur la conduite semi-autonome. Stellantis a abandonné le développement interne de son premier programme de système avancé d'aide à la conduite (ADAS) de niveau 3 en raison du coût élevé, des défis technologiques et d'incertitude sur l'appétit des consommateurs, a appris Reuters ce mardi 26 août de trois personnes au fait du dossier.
Il s'agit d'un revirement de la part du groupe, qui présentait encore en février dernier ce programme comme un pilier important de sa stratégie et le décrivait comme prêt à
être déployé.
Une délégation de conduite dans certaines situations
Un tel système est destiné à permettre au conducteur, sous certaines conditions, de s'abstenir de tenir le volant du véhicule et de garder les yeux sur la route, pour pouvoir temporairement consulter son téléphone, regarder des films ou lire des livres. Une fonction encore très rare en Europe et que propose par exemple Mercedes depuis début 2022
Stellantis a confirmé à Reuters que le logiciel ADAS de niveau 3 (N3) n'a jamais été lancé, comme l'ont déclaré les sources. L'entreprise s'est toutefois abstenue de déclarer que le programme était annulé.
"Ce qui a été dévoilé en février 2025 est une technologie N3 pour laquelle il y a actuellement une demande de marché limitée, donc elle n'a pas été lancée. Mais la technologie est disponible et prête à être déployée", a dit un porte-parole de Stellantis.
Toutefois, d'après les sources, le programme a été "mis au frigo" et ne devrait pas être déployé.
Interrogé sur le montant des investissements et le temps dévolus au programme, Stellantis a refusé de répondre, soulignant simplement que les travaux réalisés pour ce programme baptisé "AutoDrive" seront utiles au développement de versions ultérieures.
L'ancien PDG de Stellantis, Carlos Tavares, avait signalé en 2021 les prémices du programme AutoDrive, le présentant comme l'une des principales plateformes technologiques qui arriveraient sur le marché en 2024.
Un coûteux rapprochement avec le monde du logiciel
Ces dernières années, les constructeurs automobiles traditionnels ont dépensé des milliards de dollars pour mettre au point des véhicules équipés de logiciels pouvant être mis régulièrement à jour, à l'image des smartphones, dans le sillage des technologies proposées par Tesla puis par un éventail de constructeurs chinois de véhicules électriques.
Pour beaucoup de constructeurs traditionnels, ces démarches ont été jalonnées par les obstacles, comme des coûts croissants, une pénurie de talents et faire face à une bureaucratie interne.
La décision de Stellantis à propos d'AutoDrive vient confirmer les difficultés du groupe à réaliser ses ambitions technologiques. D'après quatre personnes au fait de la question, Stellantis s'appuie de plus en plus sur des fournisseurs externes pour les logiciels qu'il espérait développer en interne, et il est à la recherche de fournisseurs potentiels pour contribuer au coût et au développement d'AutoDrive.
Stellantis a dit s'appuyer sur aiMotive, start-up que le constructeur a rachetée en 2022, pour produire la prochaine génération du programme AutoDrive. Il a refusé de préciser quand ce programme serait prêt à être lancé sur le marché et s'il incluerait un système de niveau 3.
Par ailleurs, comme rapporté en premier lieu par Reuters, le partenariat entre Stellantis et Amazon sur le logiciel SmartCockpit, pour des technologies 'connectées' à bord des
véhicules, a pris fin récemment. Le constructeur automobile a fait savoir qu'il allait désormais utiliser un système Android Automotive, qu'on retrouve par exemple déjà chez Renault et Volvo.
Stellantis, en difficulté du fait de ventes en déclin, est sous pression pour réduire ses coûts. Le nouveau directeur général Antonio Filosa, nommé à la suite du départ soudain de Carlos Tavares l'an dernier, travaille à une nouvelle stratégie dont il devrait dévoiler les contours début 2026.