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Six mois après le départ de Carlos Tavares, Antonio Filosa prend ses fonctions à la tête de Stellantis

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Longtemps en poste au Brésil puis aux Etats-Unis, le dirigeant italien incarne le virage radical pris par le constructeur automobile, après l'ère du très francophile Carlos Tavares.

Antonio Filosa doit remplacer lundi Carlos Tavares à la tête de Stellantis avant de s'adresser à ses équipes mercredi alors que le cinquième constructeur automobile mondial (marques Peugeot, Fiat, Chrysler) traverse une période difficile. Cet Italien, longtemps en poste au Brésil puis aux Etats-Unis, incarne le virage radical pris par le constructeur automobile, après l'ère du très francophile Carlos Tavares.

Antonio Filosa, bientôt 52 ans (il les aura jeudi), était jusqu'à présent directeur pour l'Amérique du Nord et du Sud du groupe aux 14 marques, ainsi que directeur mondial de la qualité. Le groupe a présenté lundi sa nouvelle équipe dirigeante, avec effet immédiat. Le directeur financier Doug Ostermann prend en charge les fusions-acquisitions ainsi que le coentreprises. Jean-Philippe Imparato conserve son poste de responsable de l'Europe tandis que Emanuele Cappellano devient responsable de l'Amérique du Sud, Antonio Filosa restant en charge de l'Amérique du Nord. Philippe de Rovira est quant à lui nommé à la tête du Reste du Monde.

Des visites de sites pour rassurer depuis un mois

Le groupe Stellantis a été créé en 2021 avec la fusion du français PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et de l'italo-américain Fiat-Chrysler. L'Europe représente le premier marché du groupe en volume, mais il réalise l'essentiel de ses bénéfices en Amérique du Nord, où des difficultés en 2024 ont précipité la chute de Carlos Tavares, ancien dirigeant de PSA. A présent, le quatrième constructeur automobile mondial penche nettement plus vers les Etats-Unis, avec à sa tête deux Italiens issus du groupe Fiat-Chrysler, Antonio Filosa et l'héritier de la famille fondatrice de Fiat, John Elkann, président du conseil d'administration.

Depuis l'annonce de sa nomination fin mai, Antonio Filosa a cherché à rassurer en consacrant sa première visite à l'usine historique de Peugeot, à Sochaux (Doubs). Il s'est ensuite rendu en Italie, en Espagne et en Allemagne, dans les usines comme auprès des équipes commerciales, a indiqué Stellantis. Après un tour semblable aux Etats-Unis, il était mercredi dans l'usine slovaque du groupe qui fabrique la Citroën C3, et jeudi en France avec des concessionnaires. Il doit continuer sa tournée européenne cette semaine, a précisé Stellantis, se mettant dans les pas de son prédécesseur Carlos Tavares.

"Dans cette prochaine phase cruciale du développement de Stellantis, Antonio montre une véritable compréhension de notre industrie, de notre entreprise et de ses employés, qu'il considère comme notre principale force", a déclaré fin mai John Elkann.

Problèmes de fiabilité et droits de douane américains

Les défis sont nombreux pour Antonio Filosa et son équipe : si Stellantis a enregistré des marges record pendant ses premières années, ses parts de marché comme ses bénéfices ont plongé en 2024. Les marques du constructeur ont rencontré plusieurs graves problèmes de fiabilité, notamment avec les moteurs Puretech et les airbags Takata, responsables de pannes et d'accidents graves. Une première nomination annoncée par Stellantis le 2 juin doit y répondre : le Français Sébastien Jacquet, vétéran de l'ingénierie chez PSA, a remplacé Antonio Filosa comme directeur mondial de la qualité.

Le constructeur doit aussi affronter la tempête des droits de douane américains, et potentiellement rapatrier une partie de son importante production mexicaine aux Etats-Unis. En Europe, Stellantis doit regagner des parts de marché et convaincre des acheteurs hésitants devant des voitures électriques encore chères, tout en accélérant le développement de son offre de véhicules hybrides, plus abordables. Le lancement de la Fiat Grande Panda, hybride et électrique, mardi à Turin (Italie), doit symboliser cette accélération.

"Des décisions assez rapidement"

Antonio Filosa, entré chez Fiat en 1999, a été envoyé au Brésil en 2005, où il a gravi les échelons pendant près de 20 ans avant de devenir, au moment de la fusion, le directeur des opérations pour toute l'Amérique du Sud, continent où Stellantis domine le marché. En 2023, il est appelé à Auburn, dans le Michigan, pour diriger la marque Jeep, l'un des fleurons du groupe. Il enregistre des succès commerciaux notables, comme avec la Jeep Avenger, première Jeep électrique et élue "voiture de l'année" par la presse européenne en 2023.

"C'est un homme de l'interne qui est prêt à agir. Il s'est battu pendant six mois pour être nommé (directeur général). On aura sûrement des décisions assez rapidement", a estimé l'analyste Philippe Houchois, du cabinet Jefferies, jeudi lors d'un évènement du lobby automobile français.
TT avec AFP