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Stellantis promet 6 nouvelles voitures électriques made in France, mais pas encore "abordables"

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Au Mondial de l'auto, le patron de Stellantis Carlos Tavares a annoncé la production en France de 6 nouveaux modèles 100% électriques dans les prochaines années. Des modèles plutôt haut de gamme alors que les nouvelles aides d'Etat doivent cibler les ménages les plus modestes.

À quand une voiture électrique abordable et fabriquée en France? C'est la question sur toutes les lèvres dans les allées du Mondial de l'Auto qui vient d'ouvrir ses portes à Paris. Quatre ans après la précédente édition, celle de 2020 ayant fait les frais de la pandémie de covid, on découvre un salon avec peu de constructeurs "historiques présents", mais quelques constructeurs chinois prêts à lancer leur offre en Europe.

12 voitures électriques Stellantis made in France en 2025

Un contexte particulier, alors que le Vieux continent a fait le choix d'interdire la vente de voitures thermiques neuves, hybrides compris, à partir de 2035. En clair, les constructeurs automobiles ne pourront vendre uniquement des voitures électriques, sur batterie ou à hydrogène.

L'occasion pour le patron de Stellantis, Carlos Tavares, d'annoncer la production de six nouvelles voitures 100% électriques en France, d'ici à 2025, soit douze au total. Actuellement, les DS3 et Opel Mokka sont assemblés à Poissy, et on peut ajouter quatre utilitaires produits à Hordain. Les six "nouveaux modèles" s'imposent plutôt comme des confirmations: les 308, 308 break et 408 à Mulhouse, auxquels on ajoute les successeurs des 3008 et 5008, à Sochaux, et le futur SUV de Citroën à Rennes.

Vers des aides plus ciblées et "patriotes"?

Des véhicules qui ne seront pas vraiment abordables, alors que les aides publiques devraient se concentrer de plus en plus sur les ménages les moins favorisés. Le bonus écologique devrait ainsi être relevé à 7000 euros l'an prochain, mais en ciblant les foyers les plus modestes, tout comme le futur leasing à 100 euros par mois dont les contours restent encore flous.

En parallèle, l'idée d'aides publiques qui seraient conditionnées à une production du véhicule et de sa batterie en Europe fait son chemin. Avec un problème de taille qui se poserait alors: quel véhicules électriques "abordables" pour être éligibles à ces subventions qui visent à démocratiser la voiture électrique?

"Nous savons tous que pendant 30 ans, le pouvoir d'achat de la classe moyenne européenne était basé sur le fait que nous importions des produits manufacturés des pays low-cost", a résumé Carlos Tavares, lors d'une table-ronde avec la presse organisée en marge du Mondial de l'Auto.

Pas d'électrique française bon marché à court terme

Le patron de Stellantis ne doute toutefois pas de la capacité des industriels automobiles européens à "s'adapter" à ce nouveau contexte:

"Oui bien sûr qu'on peut s'adapter, d'ailleurs nous ne faisons que ça. On passe notre temps à s'adapter, à des crises, à des nouvelles réglementations, à des tensions géopolitiques."

Mais en combien de temps? Pour Carlos Tavares, une voiture "abordable" et made in France, n'est clairement pas envisageable à court terme:

"Une voiture électrique à moins de 20.000 euros produite en France dans les 3 à 5 ans à venir, je n'y crois pas."

Son souhait: voir revenir des aides pour les véhicules hybrides "permettant déjà de diviser par deux les émissions de CO2 par rapport à un modèle de plus de 15 ans" et d'offrir une réelle possibilité de changer de voitures pour les classes moyennes.

"La décision dogmatique qui a été prise de ne vendre que des électriques en 2035 (dans l'UE) a des conséquences sociales pas gérables. Cette couche de dogme doit maintenant être complétée par une couche de pragmatisme", a souligné Carlos Tavares.

Renault peut-il le faire?

Renault mise aussi sur le véhicule électrique et made in France, avec en particulier les renaissances de la R5 et de la 4L, qui seront produits à Douai et à Maubeuge. Avec des commercialisations prévues en 2024 et 2025, difficiles toutefois de parler déjà prix de ventes. La marque au losange reste sur l'idée d'une voiture électrique "populaire", sous les 30.000 euros, mais viserait tout de même un prix plancher à 20.000 euros pour la future R5.

Affaire à suivre, avec une offensive chinoise qu'il convient pour le moment de relativiser. Seul MG, qui appartient au groupe chinois SAIC, propose déjà des véhicules à des tarifs accessibles, avec sa dernière compacte MG4 qui démarre à 29.000 euros hors subvention. Les autres constructeurs, comme ceux présents au Mondial, BYD et Great Wall Motors, démarrent plutôt avec une offre assez haut de gamme.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto