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Pourquoi la fraude explose à l'examen du code de la route

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Depuis 2016 et l'externalisation possible de l'examen du code de la route, les cas de fraudes à ce passage obligé avant de passer son permis se multiplient. Explications.

40% de fraudes à l'examen du code de la route. C'est le chiffre hallucinant mis en avant par Annaïg Serpin, déléguée régionale pour le syndicat des inspecteurs, Snica-FO, dans un article publié par Le Télégramme.

"La triche a un énorme impact sur le code de la route, il y a un trou dans la raquette", confirme sur BFM Business ce mercredi Patrick Mirouse, président du réseau d’auto-écoles ECF.

"Les syndicats d’auto-école montent au créneau généralement, les réseaux aussi. Il faut procéder à un contrôle beaucoup plus massif mais on rentre dans du contrôle de police et c’est très difficile. Nous ne sommes pas des enquêteurs, les écoles de conduite", poursuit Patrick Mirouse.

Une conséquence directe d'après elle de l'externalisation de cet examen: en clair, depuis 2016, des sociétés privées agréées par l'Etat peuvent faire passer cette épreuve, obligatoire avant de passer l'épreuve pratique du permis de conduire.

Fausses attestations et usurpations d'identités

"Il existe aujourd'hui huit organismes agréés d’examen: SGS (ObjectifCode), La Poste, Code’nGo! (Bureau Veritas), Pointcode (Pearson Vue), Dekra, FranceCode, Exacode, et Easy Code depuis août 2022. Chaque prestataire dispose de ses propres centres", rappelle le quotidien régional breton.

L'article évoque de véritable réseaux organisés, qui peuvent par exemple fournir des attestations de réussite à l'examen du code de la route, avec une facture annoncée à 1500 euros. 10 personnes ont été mises en examen l'an dernier, soupçonnées d'un tel trafic à Toulouse, en région parisienne et dans le Jura.

Autre cas de figure: des "petites annonces" sur les réseaux sociaux qui proposent de passer le code à votre place contre 300 à 400 euros.

Les dérives de l'externalisation

Ce phénomène de fraudes n'a pas échappé à Patrice Bessone, président national éducation et sécurité routière au sein du syndicat professionnel des métiers de l'automobile Mobilians.

"Le problème c'est que certains opérateurs font appel à des auto-entrepreneurs pour superviser ces examens, ce qui conduit à ces dérives, alors que ce n'est pas le cas pour ceux qui ont uniquement recours à des salariés, beaucoup plus identifiables en cas de contrôles", explique-t-il.

Mobilians pousse ainsi l'Etat à renforcer les conditions d'agrément et obliger ce recours à des salariés pour superviser ces examens.

Une fraude qui peut coûter cher

Pour Patrice Bessone, cette fraude s'avère en outre très risquée pour les élèves, en particulier les jeunes.

"Les apprentis conducteurs risquent de perdre deux fois: déjà avec les escrocs qui vendent cette prestation autour de l'examen du code de la route, puis lors de la conduite, avec au moins 10 heures nécessaires pour rattraper le manque de connaissance du code. Avec une heure de conduite facturée entre 50 et 60 euros, le surcoût est énorme", estime Patrice Bessone.

Il pointe aussi du doigt le risque d'ête pincé en cas de contrôle après passage de l'épreuve pratique du permis de conduire, qui donne lieu à une vérification des documents par l'administration. Si une fraude est avérée au niveau de l'examen du code de la route, il faut tout refaire.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto