BFM Business
Auto

Luca De Meo (Renault) sur la Russie: "On était obligés d'arrêter"

placeholder video
Dans une interview aux Echos, le directeur général de Renault revient sur le choix du constructeur de mettre à l’arrêt ses activités industrielles en Russie, suite à la guerre en Ukraine. "On était obligés d’arrêter", explique Luca De Meo.

Trois semaines après avoir annoncé la suspension des activités industrielles du constructeur en Russie, le directeur général de Renault, Luca De Meo, sort de son silence.

"Sur la Russie, il fallait donner un signal aux marchés financiers. On a dit qu'on allait passer l'activité russe par pertes et profits. Et là, ça fait mal, car il nous a fallu douze à treize ans pour rendre l'activité rentable", résume Luca De Meo dans une interview ce mercredi aux Echos.

"On était obligés d'arrêter"

Une rentabilité dont ne profitera certainement jamais Renault, le groupe essaie surtout de limiter la casse sur place.

"On était obligés d'arrêter. Une fois que les sanctions économiques tombent et que les chaînes de logistique se cassent, il n'y a plus de pièces. Dans l'automobile, quand tu ne produis pas, tu brûles du cash à la vitesse de la lumière. Si on continuait comme ça, on allait droit dans le mur. On n'est pas Total qui prend le gaz là-bas et se fait payer à la sortie. Nous, on produit là-bas, précise Luca De Meo. Le business de la Russie était autosuffisant. On n'a jamais reçu des dividendes, car on les réinjectait pour rembourser la dette qui était très lourde. Et il n'y avait pas énormément de synergies".

Les synergies devaient arriver dans les prochaines années. Deuxième marché de Renault, après la France, représentant 49% des bénéfices du constructeur l’an dernier, la Russie était un marché clé du constructeur. Avec des perspectives de croissance importantes autour du rapprochement technique décidé entre Lada (la marque phare d’Avtovaz) et Dacia.

"Si la marque Lada a été un peu négligée par le passé, on allait faire une nouvelle génération de Lada sur des plates-formes modernes, explique Luce De Meo. Il faut rendre à César ce qui appartient à César: les efforts qui ont été faits là-bas par les équipes de Renault pour redresser la société ont été quand même extraordinaires. C'est pour cela que l'on veut protéger le plus possible le travail qu'on a fait, car cela a de la valeur".

"Considérer nos options sur Avtovaz"

Le constructeur n’a pour le moment pas annoncé ce qu’allait devenir sa participation à plus de 70% dans Avtovaz. Comme le rappelle Les Echos, Rostec, l’autre grand actionnaire d’Avtovaz, est sous le coup des sanctions occidentales. Et rien ne dit que si Renault trouvait un autre partenaire pour racheter ses parts, cette vente ne tombe pas sous le coup de sanctions, côté occidental comme côté russe.

"Nous allons considérer nos options sur AvtoVaz et Renault Russie, poursuit Luca De Meo qui ne donne pas plus de détails: "c'est une équation à de nombreuses variables, compliquée à résoudre".

La principale usine d’Avtovaz, située à un millier de kilomètres au sud de Moscou à Togliatti, est pour le moment fermée jusqu’au 24 avril, les salariés en congés. Cette date s’avère pour le moment la prochaine échéance pour le groupe au losange.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web