Les premiers 4x4 Grenadier sortent de l’usine Smart d’Hambach, en Moselle

Le 26/02/2022 à 10h35

Le groupe Ineos, qui a racheté l’usine historique de Smart en Moselle, finalise actuellement la production de ce gros 4x4, le premier de la banche automobile du groupe pétro-chimique.

Une toute petite voiture électrique et un gros 4x4 essence ou diesel. Le catalogue de production de l’usine d’Hambach (Moselle) se positionne aux deux bouts du spectre de l’automobile. A côté de la ligne historique d'assemblage des Smart, le site dispose désormais d’une ligne toute neuve pour produire le Grenadier, premier modèle de la marque Ineos Automotive.

Après une année de mise au point cette "toute nouvelle" ligne, le tout pour un investissement de 50 millions d’euros selon Caradisiac, Ineos finalise actuellement la sortie des premiers exemplaires de son 4x4 baroudeur. "Nous avons dû investir pour fabriquer le Grenadier car la ligne Smart n’était pas du tout adaptée pour un véhicule de ce gabarit", rappelle sur le plateau de 60 Minutes Business ce vendredi Philippe Steyer, président d’Ineos Automotive SAS et directeur de l’usine Hambach. Alors que la Smart ne mesure que 2,69 mètres de long, le Grenadier atteint presque les 5 mètres de long. Malgré ce différentiel, lancer la fabrication de ce nouveau modèle sur le site d'Hambach faisait sens pour Ineos, explique Philippe Steyer.

"Nous avons une grosse expérience niveau automobile. C’est un site qui a produit 2 millions de véhicules ces dernières années avec très peu de fluctuation" et des salariés présents de longue date, précise le directeur général. L'usine bénéficie aussi de son positionnement géographique, près de la frontière allemande et du cluster de l’industrie auto qui s'étend jusqu’à Stuttgart. Modernité, emplacement, ces atouts avaient convaincu Ineos de racheter le site à Daimler le 7 décembre 2020.

15.000 pré-réservations déjà enregistrées

Après une première salve de 130 Grenadier, une deuxième série de 4x4 de pré-série sera assemblée dans les prochaines semaines, afin de valider définitivement le schéma de production et de lancer l’assemblage des modèles de série.

Nouveau venu dans le monde automobile, Ineos a pourtant déjà enregistré 15.000 pré-réservations pour le Grenadier, 15.000 commandes venus du monde entier: Allemagne, Royaume-Uni mais aussi Australie, un marché où le véhicule est très demandé.

"Nous ne sommes pas sur du SUV, nous sommes vraiment sur un véhicule utilitaire, un véhicule qui va permettre d’accéder à des zones reculées avec une capacité de franchissement, de traction importantes, explique sur BFM Business Philippe Steyer. C’est un outil de travail: nous voulons toucher des ONG, des offices de sécurité, des pompiers, la sécurité civile, la gendarmerie, des gens qui ont besoin de cette voiture-là au quotidien dans leur travail".

Mais avant les professionnels, ce sont les particuliers qui ont passé ces 15.000 premières commandes. Un joli succès.

"Les commandes ne sont ouvertes qu’à eux, donc sur les 15.000 commandes, il n’y a aucun véhicule de flotte, poursuit Philippe Steyer. On a des intérêts forts de pêcheurs, de chasseurs, des véhicules dont ils ont besoin pour leur passe-temps".

Les différents modèles du Grenadier. © Ineos

Le prix du 4x4 reste pourtant élevé, à partir de 60.000 euros (sans compter le malus en France très important, le véhicule n’étant équipé que de gros moteurs thermiques d’origine BMW). A terme, ce sont 25.000 à 30.000 véhicules qui devraient sortir chaque année des chaines d’Hambach, à partir de 2024. A cette date, l’usine cessera totalement la production de la Smart électrique, production qui sera relocalisée en Chine. Début 2020, la célèbre marque de petites voitures a été cédée par Daimler au Chinois Geely.

Premiers exemplaires livrés en fin d'année, une version hydrogène

Les premiers clients recevront leur Grenadier en fin d’année. Le constructeur doit aussi présenter à cette période une version hydrogène de son 4x4.

"Nous avons à l’étude une version à hydrogène, confie Philippe Steyer. C’est un choix technologique qui a été fait de dire que vu la taille, vu le poids du véhicule, la batterie n’était pas vraiment une option car cela lui rajoutait encore du poids".

Ce choix technologique de rupture doit permettre au groupe de respecter des réglementations de plus en plus drastiques en matière d'émissions de CO2. Un choix aussi coûteux pour le moment car cette technologie est encore en développement, mais le positionnement prix du Grenadier devrait permettre d'absorber ce surcoût. Selon L’Usine Nouvelle, Jim Ratcliffe, le milliardaire propriétaire d’Ineos fan d'automobile, compte consacrer 650 millions d’euros pour le développement du Grenadier.