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Grâce à John Elkann, Stellantis avance dans ses négociations avec Donald Trump

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Le président italo-américain de Stellantis est en première ligne des pourparlers entre la Maison Blanche et les constructeurs automobiles sur les droits de douanes.

Dans les bagages de Donald Trump lors de sa visite officielle en Arabie-Saoudite mardi dernier, se trouvaient Elon Musk, Larry Fink, Mark Zuckerberg mais aussi... John Elkann.

"Il fait partie du club", glisse-t-on dans l’entourage de Stellantis.

Depuis janvier, les contacts entre le constructeur et l’administration américaine sont très fréquents. "Le dialogue est de qualité, il y a un grand travail d’éducation mutuelle", dit-on encore.

A Riyad, John Elkann a pu passer une partie de la journée aux cotés de Donald Trump et de son Secrétaire du Trésor, Scott Bessent. "C’était très utile, il y eu beaucoup d’échanges", assure une source proche du groupe, qui ajoute "John Elkann a mis en haut de son agenda le fait de discuter avec toutes les parties prenantes, c’est le "style John"". Avant l’Arabie Saoudite, l’héritier Agnelli avait déjà rencontré Donald Trump à plusieurs reprises: à Paris, pour la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, et à Washington, pour l’investiture.

Des victoires obtenues

Grace à ce dialogue nourri, Stellantis estime avoir déjà remporté plusieurs victoires dans les négociations commerciales. Une première, à la fin du mois d’avril, quand Donald Trump a décidé de ne pas superposer les taxes. Les constructeurs qui doivent déjà s’acquitter de 27,5% de droits de douanes sur l’automobile, n’auront pas en plus à payer ceux sur l’acier et l’aluminium.

Deuxième victoire, attendue par Stellantis dans les prochains jours: les voitures assemblées au Mexique et au Canada et contenant des pièces "Made in USA", ne seront taxées que sur leur contenu non-américain. La discussion avec l’administration Trump a porté sur ce qu’était précisément un contenu américain.

"Une voiture peut-être techniquement composée à 40% de pièces fabriquées aux Etats-Unis mais il faut aussi prendre en compte le travail des chercheurs, etc ...", explique-t-on dans l’entourage du constructeur "alors le véhicule peut être considéré comme à 50% américain". In fine, pour Stellantis, c’est l’espoir de diviser par deux les droits de douane sur certains véhicules.

Un contraste entre les Etats-Unis et l’Europe

Ces victoires américaines ont une autre conséquence, celles de mettre en lumière les lenteurs européennes.

"John Elkann est frappé par le contraste entre les Etats-Unis et l’Europe", raconte-t-on dans l’entourage de Stellantis.

Aux yeux de l’héritier Agnelli, l’administration Trump est claire dans ses intentions, rapide dans ses décisions, tandis qu’à Bruxelles, on fait du surplace. Autrement dit, l’Europe doit dire quelles sont ses priorités!

Une analyse que le patron de Stellantis entend bien faire résonner, au point de faire de l’un de ses concurrents son meilleur allié. Ces dernières semaines, avec Luca de Meo, le patron de Renault, il a multiplié les prises de parole. L’objet de leur lobbying: assouplir les réglementations en Europe, et rendre notamment moins contraignante la législation pour les petites voitures. Un refrain qui pourrait bientôt laisser sa place à une autre petite musique: la remise en cause de l’échéance de 2035 et l’interdiction de la vente de voitures thermiques en Europe.

Justine Vassogne