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A cause des pénuries de voitures neuves, les salaires des vendeurs automobiles fondent

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Avec des délais de livraison toujours plus longs, les ventes de voitures neuves baissent. Comme le salaire mensuel des vendeurs, car ils ne touchent leurs primes qu’à la livraison d’une voiture neuve.

Pas de voiture neuve dans le garage des clients, pas de prime pour les vendeurs automobiles. Alors que la pénurie de puces allonge les délais de livraison et fait chuter les ventes de voitures neuves, les commerciaux font grise mine. Une grosse partie de leur salaire repose en effet sur des primes à la vente de chaque véhicule. Des primes qu’ils touchent en grande partie à la réception de la voiture neuve par les clients. Or avec des délais entre commande et livraison allant de 8 à 10 mois en moyenne selon les marques, les vendeurs tirent la sonnette d’alarme.

50 à 60% de salaire en moins

C’est le cas dans le groupe de Jean-Paul Lempereur, un entrepreneur roubaisien à la tête de plusieurs concessions multimarques.

"Vous nous faites part depuis quelques temps de revendeurs qui vous alertent car ils ont du mal à finir les fins de mois, qu’ils ont perdu jusqu’à 50 ou 60% de leurs salaires", constate-t-il lors d’une réunion avec les directeurs de ses concessions, comme le montre l’émission Capital.

En moyenne, selon des chiffres fournis par le CNPA (Conseil National des Professionnels de l’Automobile), un vendeur automobile touche un salaire fixe de 1000 euros nets par mois. Un salaire multiplié par trois ou quatre selon les résultats du commercial. Or, si certains vendeurs touchent une partie de ses primes à la commande, le gros de la somme, voire la totalité, est perçue à la livraison, pour une grande partie d'entre eux.

Avec une pénurie de puces partie pour durer au minimum tout le premier semestre 2022, voire plus, les concessionnaires tentent de trouver des solutions. Jean-Paul Lempereur a décidé de débloquer 100.000 euros pour verser des avances à ses vendeurs. "Nous avons déjà eu des vendeurs qui sont venus nous voir, qui s’interrogent de savoir s’ils vont continuer à faire ce métier. C’est un coût immédiat, cela va coûter beaucoup d’argent, reconnait-il au micro de Capital. Mais je préfère choisir cette option que devoir recruter trente personnes qu’il faudra reformer. Car ce sera une autre pénurie: on aura des clients, on aura des voitures mais pas de vendeurs".

Quelles aides pour les concessionnaires et vendeurs?

Le CNPA interroge actuellement ses adhérents sur ces difficultés, comme nous l’explique Francis Bartholomé, son président au niveau national: "C’est un sujet que nous n’avions pas envisagé, confie-t-il à BFM Business. Nous avons alerté les pouvoirs publics et sommes en train de regarder quels dispositifs d’aides peuvent être déployés".

La trésorerie des concessionnaires souffre en effet beaucoup de la baisse des ventes. Selon Capital, le groupe Lempereur va ainsi voir son chiffre d’affaires reculer de 20% cette année. En début de semaine sur notre antenne, le président de la Plateforme de la Filière Automobile (PFA) Luc Chatel annonçait que des discussions allaient être menées avec le cabinet du ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour des aides spécifiques au secteur auto, touché de plein fouet par les pénuries.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web