Strasbourg: des poursuites après la manifestation pro-Palestine interdite

Le rassemblement était interdit. Pourtant vendredi 13 octobre, 300 manifestants sont venus apporter leur soutien aux habitants de Gaza à Strasbourg. Treize personnes ont été interpellées et placées en garde à vue.
Dépositaire de l'appel à manifester, Perrine Olff-Rastegar, 70 ans, a passé son week-end dans les geôles.
D'après son collectif, elle avait pourtant formellement annulé le rassemblement. "Perrine Olff-Rastegar, porte-parole du Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine (CJACP) a été arrêtée (...). Elle ne participait en aucune façon au rassemblement, indique le CJACP dans un communiqué ce samedi 14 octobre.
"Je suis encore choquée"
Interpellée proche des lieux, la militante nie sa participation. Elle affirme à BFM Alsace être venue boire un café avec des amis et avoir été étonnée par l'important dispositif policier au niveau de la place Kléber. Elle a voulu aller le voir de plus près.
"Ça fait 22 ans, à peu près, que je milite pour la Palestine et que je n'ai jamais eu aucun problème avec personne, explique-t-elle. Ni avec la police, ni rien du tout. Donc, ça a été vraiment un coup de massue, quelque chose d'inimaginable. Je suis encore choquée."
Placée en garde à vue à Strasbourg, Perrine Olff-Rastegar s'est plainte de ses conditions de détention.
"C'était vraiment horrible. Jamais je n'aurais cru être arrêtée. La cellule était repoussante, elle puait l'urine et était infestée de moucherons," témoigne-t-elle.
"C'est incroyable de mettre des personnes dans de telles conditions dégradantes et inhumaines, on est des êtres humains, même si on a fait quelque chose, on doit être traitée de façon correcte", estime-t-elle.
"Plus de monde que de cellules disponibles"
La militante a ensuite été transférée au commissariat de Mundolsheim peu après la visite du député (LFI) de la 2ème circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes, au commissariat de Strasbourg. Le lendemain, elle a été ramenée à Strasbourg où elle passé encore une nuit avant d'être déférée devant le parquet qui a décidé d'entamer des poursuites à son encontre.
"J'ai exercé mon droit de visite des lieux de privation de liberté, explique Emmanuel Fernandes, député (LFI). Ce que j'ai constaté c'est plus de monde que de cellules disponibles pour recevoir des personnes en garde à vue."
"Dans certaines cellules, deux personnes étaient obligées de cohabiter dans quelques mètres carrés. Il faut savoir qu'en principe, chaque personne est censée avoir un matelas et une couverture, en l'occurrence, il n'y avait pas assez de matériel, donc certaines personnes étaient amenées à devoir dormir à même le sol", développe-t-il.
Perrine Olff-Rastegar comparaîtra en janvier pour organisation d’une manifestation interdite et refus de se disperser. Contactée, la préfecture n'a pas répondu aux sollicitations de BFM Alsace.
De son côté, le député Emmanuel Fernandes dit saisir la contrôleuse générale des lieux de privation de Liberté.