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Stocamine: le Conseil d'État autorise le démarrage des travaux de confinement

Le site de Stocamine à Wittelsheim dans le Haut-Rhin, le 11 janvier 2023

Le site de Stocamine à Wittelsheim dans le Haut-Rhin, le 11 janvier 2023 - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP

La décision du tribunal administratif de Strasbourg de suspendre les travaux de confinement des déchets entreposés à Stocamine a été annulée par le Conseil d'État ce vendredi 16 février.

Le Conseil d'État a annulé ce vendredi 16 février la décision du tribunal administratif de Strasbourg de suspendre les travaux de confinement des déchets entreposés à Stocamine, ouvrant donc la voie au chantier destiné à les enfouir définitivement.

L'association Alsace Nature et des particuliers, inquiets des pollutions sur la nappe phréatique d'Alsace qu'engendreront à long terme le confinement des déchets, s'opposent à la décision de l'État d'enfouir définitivement les 42.000 tonnes de déchets toxiques (mercure, cyanure, arsenic...) entreposés dans cette ancienne mine de potasse à Wittelsheim (Haut-Rhin), alors qu'ils devaient initialement être ressortis au plus tard en 2027.

Ils avaient donc formé un recours en référé devant le tribunal administratif de Strasbourg, qui leur avait donné raison le 7 novembre et avait ordonné par ordonnance la suspension des travaux. L'exploitant du site, la société Mines de potasse d'Alsace, détenue à 100% par l'État, avait alors formé un pourvoi.

"Un dossier extrêmement complexe"

Invité de BFM Alsace ce vendredi 16 février, Olivier Becht, député du Haut-Rhin (AGIR) et ancien ministre, a commenté cette décision. Il estime que Stocamine est "un dossier extrêmement complexe, dans lequel il n'y a pas de bonnes décisions".

"On sait que laisser ces déchets au fond de la mine, ce n'est pas une bonne décision, mais les remonter compte tenu des risques qu'il y a également d'effondrement des galeries pour la vie des mineurs, ce n'est pas une bonne décision non plus. Donc le Conseil d'Etat a jugé en sagesse, il faut maintenant continuer ce chantier sans délai, sans quoi on ne pourra plus faire les sarcophages en béton que l'on souhaitait faire pour protéger les nappes phréatiques", estime-t-il.

Les travaux de confinement "doivent débuter sans délai"

Dans son arrêt vendredi, le Conseil d'État casse l'ordonnance. Il estime que la condition d'urgence, indispensable à la procédure en référé, n'est pas établie: les requérants n'avancent "aucun élément permettant d'établir que le démarrage des travaux présenterait un danger immédiat", indique la juridiction suprême de l'ordre administratif.

Celle-ci reprend aussi à son compte les conclusions -contestées- du Bureau de recherches géologiques et minières selon lesquelles le temps restant avant "l'effondrement à brève échéance des galeries souterraines" ne permet pas d'envisager un déstockage des déchets dans des conditions de sécurité "suffisantes".

Au contraire, les travaux de confinement "doivent débuter sans délai", calcule le Conseil d'État: ils devraient durer "42 mois", et le site ne sera accessible "que jusqu'à la fin de l'année 2027".

La juridiction juge également que la décision d'autoriser pour une durée illimitée le stockage des déchets "constitue (...) la plus susceptible de préserver l'environnement des atteintes que ce site pourrait entraîner à court, moyen et long termes".

Le Conseil d'État affirme enfin que "les déchets contenant du mercure ainsi que les déchets phytosanitaires, qui constituaient les déchets présentant le plus haut degré de dangerosité pour la nappe phréatique, ont déjà été extraits".

Si la majeure partie de ces déchets a effectivement été retirée, il en reste pourtant près de 140 tonnes, comme l'établit l'arrêté préfectoral.

Après la procédure en référé, une procédure sur le fond est intentée devant le tribunal administratif de Strasbourg. Pour l'heure, aucune date d'audience n'a été fixée.

Solenne Bertrand avec AFP