Psychologues, juristes... L'accompagnement des victimes pendant le procès de l'attentat de Strasbourg

Des policiers patrouillent le 8 septembre 2021 à Paris devant la salle d'audience spéciale mise en place pour le procès des attentats du 13-Novembre (photo d'illustration). - Alain JOCARD © 2019 AFP
"Une appréhension tout à fait normale." Alors que le procès de l'attentat de Strasbourg a débuté il y a tout juste une semaine, les victimes et familles de victimes ont dû se préparer à ces cinq semaines de marathon judiciaire. Un moment difficile qui, pour beaucoup, rappellera des souvenirs douloureux.
C'est pour cela que l'association SOS France Victimes 67 a été désignée par le ministère de la Justice pour être l'un des organismes référents auprès des victimes lors de ce procès.
"Ce sont les psychologues et les juristes, qui ont accompagné depuis le premier jour les victimes, qui vont être mobilisés avec elles sur place", explique à BFMTV.com Faouzia Sahraoui, directrice générale de l'association et elle-même psychologue.
"On a une juriste coordinatrice qui, elle, a fait toutes les démarches juridiques. C'est elle qui centralise les accompagnements, et nous avons deux psychologues qui seront là-bas, à plein temps, jusqu'à la fin du procès."
"Il y a des appréhensions"
Des personnes qui ont été blessées lors de l'attaque meurtrière de Chérif Chekatt le 11 décembre 2018, ainsi que des témoins des faits, seront amenés à témoigner devant la cour d'assises spéciale de Paris lors de ce procès. Certaines d'entre elles, explique Faouzia Sahraoui, ont exprimé des appréhensions "pratico-pratiques".
"Pour la plupart, sinon pratiquement la totalité, elles n'ont jamais mis les pieds dans un tribunal. Elles avaient beaucoup de questions sur ce qu'elles doivent dire, comment le dire. Elles avaient aussi quelques appréhensions, de genre 'Si je suis un peu paniquée, ou émue, ou que j'ai un trou de mémoire, comment je vais faire?'"
Beaucoup appréhendent également l'aspect émotionnel d'un tel procès. "Elles vont raconter ce qu'il s'est passé, ce qu'elles ont vu (...) Même si elles ont répété plusieurs fois, à différents professionnels, leur vécu de la situation, là, ça va être devant un tribunal, de façon très solennelle, et donc il y a des appréhensions", explique la directrice générale de SOS France Victimes 67.
Juristes, mais surtout psychologues, se tiennent donc près à venir en aide aux victimes à tout moment lors du procès.
"Les psychologues sont vraiment mis à disposition des victimes, dès qu'elles ressentent le besoin de les solliciter, avant, pendant, après leur témoignage. Elles peuvent s'adresser aux psychologues, qui vont prendre le temps de sortir avec la victime, et de prendre un temps d'échange, de verbalisation, de réassurance, parce qu'ils ne peuvent pas le faire en même temps dans la salle d'audience. C'est vraiment en fonction des besoins des personnes."
Un accompagnement après la fin du procès
L'association n'a pas été choisie comme référente par hasard. Elle avait été mobilisée, le soir même de l'attentat, pour apporter un soutien d'urgence aux victimes. Et elle a continué de les accompagner depuis cinq ans.
Les deux psychologues mobilisés lors du procès sont ceux "qui ont accompagné les victimes, ils les connaissent très bien". Une volonté de la part de l'association et du ministère d'offrir aux victimes une continuité dans leur prise en charge, et ce même pendant le procès.
Faouzia Sahraoui sera elle-même présente à la cour d'assises spéciale de Paris pour l'ouverture du procès. "Il y a une victime que j'ai accompagnée personnellement, qui m'a demandé d'être avec elle le jour de son témoignage", explique-t-elle.
L'association prévoit d'ores et déjà un accompagnement pour les victimes une fois le procès terminé. "Parce que le procès ne va peut-être pas répondre aux interrogations de toutes les victimes. Et quand bien même il répondrait à leurs interrogations, certains auront encore besoin d'un suivi psychologique très soutenu au sein de l'association. (...) On adapte vraiment en fonction des réalités et des besoins de chaque victime."
Avec une quarantaine de salariés, dont une majorité de psychologues, mais également des juristes et des travailleurs sociaux, SOS France Victimes 67 travaille depuis nombreuses années à l'accompagnement de victimes lors de procès, pas uniquement liés à des attentats, mais à toute sorte d'événements traumatiques. Elle avait notamment été mobilisée à la fin des années 90 lors du procès du crash d'avion à Habsheim, et en 2007 lors du procès du drame de Pourtalès, où 13 personnes étaient mortes après la chute d'un immense platane lors d'un violent orage en 2001 à Strasbourg.
"Les 40 salariés sont tous formés, juristes ou psychologues, voire même travailleurs sociaux, à accompagner les victimes au niveau des procès. (...) On est formé, tous, à la gestion de crise", conclut Faouzia Sahraoui.
L'association a déjà prévu la mise en place d'un groupe de parole qui se réunira dès la fin du procès de l'attentat de Strasbourg. Des accompagnements individuels seront aussi proposés aux victimes qui en auraient besoin.