BFM Alsace
Alsace

Colmar: des habitants heurtés par les plaques de rue traduites en allemand

placeholder video
La mairie de Colmar a fait installer des plaques de rue écrites en français et en allemand pour promouvoir le bilinguisme. Une décision qui provoque l'opposition de certains habitants.

Une polémique aux accents germaniques. Afin de promouvoir le bilinguisme franco-allemand, la municipalité de Colmar a fait installer des plaques de rue écrites dans les deux langues à plusieurs endroits dans la ville.

Ainsi, la rue du Marronnier peut aussi être appelée Rosskestebäum Gass, et l'on peut apprendre que "vinaigrerie" se dit "essigfabrik" en allemand.

"De mauvais souvenirs"

Alors que l'installation des plaques date du printemps, le débat autour de leur installation est né il y a quelques semaines. Certains habitants reprochent à la mairie de faire revivre des moments dramatiques aux plus anciens.

"Cette pratique choque compte tenu de ce qu'ont vécu l'Alsace et Colmar durant le siècle dernier, avec notamment une germanisation à outrance", affirme Dominique Grimal, Colmarien opposé à ces plaques, au micro de BFM Alsace.

"Ceci rappelle de mauvais souvenirs à certains, ça n'a rien à voir avec la réconciliation franco-allemande", poursuit-il.

Si le maire de la ville, Eric Straumann, dit comprendre que "cela puisse heurter ceux qui ont vécu l'occupation allemande", il appelle à "aller au-delà". "Nous sommes à 15km de la frontière, nous sommes une terre qui parle un parlé germanique depuis plus de 15 siècles", justifie l'élu.

Invité de France Bleu Alsace fin novembre, l'édile appelait également à "ne pas confondre le nazisme avec la culture allemande" et rappelait que certaines rues de Colmar "ont un intitulé purement allemand".

Sur le réseau social X, anciennement Twitter, des utilisateurs évoquent une polémique "inutile et stérile". "En quoi 5 années de Nazisme doivent-elles occulter 1500 années de germanité", se questionne l'un d'entre eux.

L'Unser Land, mouvement politique fédéraliste et autonomiste alsacien, a déclaré soutenir "entièrement l'initiative de la ville" dans un communiqué de presse du 27 novembre.

"La question que posent ces plaques des rues est celle de l'avenir que nous voulons donner à notre culture alsacienne. Enfermer la langue dans un musée, c'est organiser sa disparition", déclare Jean-Georges Trouillet, président du mouvement.

"Nous devons transmettre à nos enfants non la haine ou l'ignorance, mais l'amour et la connaissance de cette langue qui est la nôtre et que nous partageons avec nos voisins suisses et allemands", ajoute-t-il.

Sur France Bleu Alsace, le maire a promis de constituer une commission, afin de "regarder ça de manière apaisée", considérant la polémique comme une simple "incompréhension".

Mathias Fleury