Une Strasbourgeoise en lice pour devenir la meilleure professeure du monde

Céline Haller, professeure des écoles à l'école élémentaire Rosa-Parks à Hautepierre à Strasbourg (Bas-Rhin). - Global Teacher Prize
Ils ne sont plus que dix à prétendre au titre. Le Global Teacher Prize, ou prix mondial de l'enseignement, est une récompense attribuée depuis 2015 à un enseignant du monde qui a apporté des contributions notables au monde de l'éducation et de l'enseignement. En 2025, dix professeurs sont aujourd'hui en finale, et parmi eux une seule Européenne, qui n'est autre que Strasbourgeoise: Céline Haller.
L'annonce des finalistes est tombée le 29 janvier, une énorme surprise pour cette professeure alsacienne, qui a fondu en larmes. "Je sais que je travaille dur, je sais ce que je fais, mais comparé aux autres? Ce n'est rien", s'est-elle étonnée.
Et il y a de quoi sauter de joie: au-delà de la reconnaissance de ses pairs, le Global Teacher Prize, qui est en partenariat avec l'Unesco, offre au professeur élu meilleur enseignant du monde un million de dollars américains, reversés progressivement et équitablement sur une période de 10 ans.
Des petits-déjeuners pédagogiques
Professeure des écoles au sein de l'établissement scolaire classé REP+ Rosa-Parks à Hautepierre, elle s'efforce dans ses cours de créer de l'inclusivité, de lutter contre les inégalités et surtout de stimuler ses élèves qui grandissent dans un environnement difficile avec parfois des situations familiales instables.
Céline Haller est décrite comme une éducatrice dévouée et pratique. Elle a notamment instauré dans ces cours le projet des "petits-déjeuners en classe". "Une initiative créée pour lutter contre les inégalités en matière de santé, de bien-être et d'éducation, qui implique que les élèves organisent deux petits-déjeuners par semaine pour toute l'école", souligne Global Teacher Prize.
Dans les colonnes du Parisien, qui a contacté Céline Haller quelques heures après l'annonce de sa nomination, la professeure explique comment l'initiative a vu le jour. C'est lors d'un cours autour de l'alimentation que certains élèves racontent ne jamais prendre de petit-déjeuner. Un matin, elle propose d'organiser un repas et d'observer les changements de comportement.
Un projet ajouté au "plan pauvreté" du gouvernement
Au fil du temps, le projet s'est enraciné et a montré ses bénéfices. "Outre le gain sur la santé, les élèves sont motivés pour venir à l’école, la cohésion de groupe est bien meilleure, ils discutent davantage entre eux, mangent ensemble, la mixité entre filles et garçons est plus fluide", assure-t-elle dans les colonnes du quotidien.
Au final, ce projet est devenu "la colonne vertébrale" de sa pédagogie, résume-t-elle au Parisien. Ce projet très concret permet d'ouvrir les esprits, gommer les inégalités et resserrer les liens dans la classe. Le tout en stimulant la conscience écologique des enfants.
D'ores et déjà, ses petits-déjeuners pédagogiques ont été salués en France. Le gouvernement a ajouté l'initiative au sein de son plan pauvreté, qui aide à répondre aux problématiques de reproduction de la pauvreté, de précarité des jeunes, d’insertion et d’accès aux droits.
Les résultats mi-février
Céline Haller a également publié plusieurs livres éducatifs, et aide à la formation des enseignants à travers la France. Elle a déjà collaboré avec le réseau pour l'éducation à la santé Unirés et le ministère de l'Éducation pour promouvoir des nouvelles pratiques pédagogiques efficaces.
Si elle est élue meilleure professeure du monde, et qu'elle reçoit donc la récompense d'un million de dollars, Céline Haller compte "continuer à développer ce projet (...) et diffuser la pédagogie qu'il y a autour", confie-t-elle enfin au Parisien. Les résultats tomberont le 12 février dans une cérémonie qui a lieu à Dubaï.
Les autres finalistes enseignent quant à eux en Australie, en Inde, au Malawi, en Colombie ou encore en Malaisie. Depuis la création de ce prix il y a dix ans, la France n'a jamais été récompensée. Une seule enseignante européenne a été lauréate: la Britannique Andria Zafirakou en 2018.