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Bas-Rhin: après la mort de leur fille percutée par un train, des parents lancent un appel à témoins

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Il y a trois mois Sinem Coskun est morte après avoir été percutée par un train. Depuis l'enquête piétine. Sa famille pense que les enquêteurs ont conclu trop rapidement à une faute d'inattention et lancent aujourd'hui un appel à témoins.

Les parents de Sinem Coskun ont décidé de mener leur propre enquête. Trois mois après la mort de leur fille, percutée par un train en gare de Russ-Hersbach (Bas-Rhin), ils ont décidé de lancer un appel à témoins pour tenter de relancer une enquête qui semble pour le moment pointer une faute d'inattention de la jeune fille. Ils espèrent obtenir des élements des passagers du train.

"Je leur demande de témoigner, je suis déjà assez malheureuse, je veux seulement savoir ce qu'il s'est passé ce soir-là", explique Birkan Coskun, la mère de Sinem.

"Ils ne sont pas allés au bout des choses"

Le 24 octobre 2023, un train qui ne marque pas l'arrêt en gare entre en collision avec la jeune Sinem Coskun, âgée de 18 ans. Elle meurt sur place d'un traumatisme crânien, malgré les tentatives de réanimation des pompiers.

Rapidement, les gendarmes concluent à un accident d'inattention, l'adolescente serait descendue du train et aurait traversé la voie malgré l'abaissement des barrières de sécurité. Au même moment, un train à vide est passé sans s'arrêter en gare, à une vitesse estimée à 86 km/h par les enquêteurs. La jeune fille est alors percutée par l'engin.

La gare de Russ-Hersbach est semblable à tant d'autres dans les environs, un simple quai de part et d'autre de la voie. Les barrières qui empêchent les voitures de traverser le passage à niveau, se situent en amont des quais. Aucun obstacle physique n'empêche donc les piétons de franchir la voie lors du passage d'un train en gare. Cette version des faits ne convainc pas entièrement la famille de la jeune fille.

"À notre sens, ils ne sont pas allés au bout des choses", estime Engin Muharremoglu, l'oncle par alliance de Sinem.

"Le traumatisme crânien est stipulé dans le rapport mais à aucun moment il n'est évoqué des traces d'impact sur le corps, d'hématomes, or il devrait y en avoir si Sinem avait été heurté comme le dit le rapport, par un train à 86 km/h", développe-t-il.

"La semaine dernière, on a reçu le rapport de la procureure. Il n'y a pas un mot de plus que ce qu'on savait depuis le jour de l'accident", déplore Umit Coskun, le père de Sinem. Contacté par BFM Alsace, le parquet de Saverne n'a pas apporté de réponse à ce stade.

Témoignage d'une passagère du train

Selon la famille, d'autres éléments semblent aller à l'encontre du récit des gendarmes. Les objets retrouvés dans le sac que portait la jeune femme sont tous intacts, à l'exception d'une gourde. Une de ses chaussures a disparu, l'autre est retrouvée un peu plus loin le lendemain par un voisin, comme posée au pied de son garage.

Un témoignage va également semer le doute dans l'esprit des parents de Sinem. Quelque temps après l'accident, une camarade de classe de leur fille leur fait remonter qu'une passagère du dernier train qu'elle a emprunté serait venue en aide à Sinem alors que la jeune fille serait tombée sur les voies en gare de Russ-Hersbach à cause d'une porte de train qui n'était pas censée s'ouvrir. Un témoignage auquel la famille apporte d'autant plus de crédit qu'il était alors relayé par la presse locale.

À la connaissance de la famille, les potentielles caméras du TER ce soir-là n'ont pas été exploitées. La jeune femme disant être venue en aide à Sinem, n'a jamais souhaité témoigner auprès des gendarmes. La famille reste dans le flou, elle ne soutient aucune thèse mais estime que toutes les pistes n'ont pas été exploitées.

Léo Fleurence, Lison Zimmer avec Glenn Gillet