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Alsace: un rapport dénonce les dysfonctionnements du centre pénitentiaire de Mulhouse Lutterbach

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Le contrôleur général des lieux de privation de liberté a publié un rapport de visite du centre pénitentiaire de Mulhouse Lutterbach où il dénonce des dysfonctionnements de la part de l’établissement. 

Dans un rapport de visite, publié récemment, le contrôleur général des lieux de privation de liberté étrille le centre pénitentiaire de Mulhouse Lutterbach.

L’établissement, ouvert en novembre 2021, a été conçu pour proposer de meilleures conditions de détention aux détenus. Mais dans son rapport, le contrôleur des lieux de privation de liberté dénonce des dysfonctionnements.

"Des conditions indignes de détention"

Ce rapport décrit un centre pénitentiaire surpeuplé, un an et demi après son ouverture. L’établissement a été conçu pour accueillir 520 détenus. Mais dans les faits, sa capacité d’accueil maximale a été rapidement dépassée avec jusqu’à 197 places de plus.

Cette surpopulation conduit, toujours d’après le rapport, à des “conditions indignes de détention”. Le taux d’occupation des deux maisons d’arrêt a atteint les 195%.

Dans le détail, 96 personnes vivent à trois dans des cellules de 10 ou 15 mètres carrés. Un espace qui est inférieur au minimum requis par la Cour européenne des droits de l’homme. Au sein du centre pénitentiaire de Mulhouse Lutterbach, trente-deux matelas sont également installés à même le sol, précise le rapport.

Autre dysfonctionnement au sein de l’établissement, les effectifs du personnel. D’après le rapport, 22% des postes de surveillant ne sont pas pourvus au sein du centre pénitentiaire. Un chiffre en deçà des besoins réels, le nombre de personnes incarcérées étant au-dessus du seuil d’accueil maximal.

Pour Jean-Claude Roussy, secrétaire général Grand Est du syndicat UFAP, le rapport n’a rien de surprenant. “8 jours sur 10, il n’y a pas de personnel sur certains postes de sécurité cruciaux”, indique-t-il à BFM Alsace.

Depuis l’ouverture de l’établissement, le syndicat demande “de faire baisser le nombre de détenus écroués au centre pénitentiaire de Mulhouse Lutterbach, redonner des moyens en ressources humaines, pour que l’établissement soit mieux doté mais aussi pour que tous les postes soient ouverts”, poursuit Jean-Claude Roussy.

L'accès aux activités limité

Cette surpopulation carcérale et le manque d’agents pénitentiaires ont également des répercussions sur ce pourquoi l'établissement est sorti de terre. L’accès à certaines activités est limité.

Une conséquence qui va à l’encontre du principe de l’établissement pénitentiaire qui se voulait pilote dans le processus de réinsertion et la détention des détenus. Concrètement, les personnes incarcérées passent peu de temps en dehors de leur cellule. Et les listes d’attente pour participer aux activités “n’ont plus de sens”, selon le rapport.

Côté santé, les conclusions mettent en lumière l’impossibilité d'accéder à certains besoins. Les délais de prise de rendez-vous sont par exemple trop longs, parfois jusqu’à deux mois d’attente.

Enfin, un dernier dysfonctionnement concerne la cantine. Dans son rapport, le contrôleur général des lieux de privation de liberté évoque des produits parfois facturés voire pas livrés ou périmés.

L'hygiène et la salubrité saluées

Des points positifs ont été notés au cours de la visite du contrôleur général des lieux de privation. L’hygiène et la salubrité, notamment.

Le rapport décrit un établissement propre et bien entretenu ainsi qu’une prise en charge adaptée dans le quartier des mineurs. Dans le quartier de confiance, basé sur l’autonomie encadrée du détenu, un sens est donné à l'incarcération, affirme le contrôleur.

Contactée par BFM Alsace, la direction du centre pénitentiaire de Lutterbach à Mulhouse n’a pas répondu aux sollicitations.

Samilei Hoarau avec Charlotte Lesage