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Alsace: de nouvelles fouilles organisées dans l'ancien camp de concentration du Struthof

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Pour la deuxième année consécutive, des fouilles sont organisées dans l'objectif d'en apprendre plus sur le travail forcé des déportés. Des portes ouvertes sont prévues pour le public, ce samedi à partir de 13h.

Lever le voile sur un passé méconnu. Depuis le début du mois d'août, des fouilles archéologiques sont en cours dans une carrière de l'ancien site nazi de Struthof, à côté de Natzwiller (Bas-Rhin).

Si l'histoire retient de ce camp concentration qu'il a été le seul situé sur le territoire français, de nombreuses zones d'ombre perdurent quant au travail forcé qu'ont dû réaliser les déportés.

Car le choix de cet endroit n'a pas été fait au hasard par les nazis. En septembre 1940, ces derniers découvrent du granite dans une carrière située à 800 mètres d'altitude, roche qui va servir pour les grands travaux de construction du Reich.

"C'est la découverte de granite lors de prospections géologiques faites par la SS à la fin de l'année 1940 qui va conduire à la construction du camp de concentration pour utiliser la main d'œuvre, donc les déportés, pour extraire du granite rose", détaille Juliette Brangé, responsable scientifique des fouilles à BFM Alsace.

1400 détenus mobilisés

L'exploitation de la carrière commence en 1942 et mobilise 1400 détenus. Mais dès 1943, le site est utilisé pour démonter des moteurs d'avion de l'entreprise Junkers. Les déportés travaillent dans une vingtaine de bâtiments rasés à la fin de la guerre.

De cette période et de ces bâtiments, il ne reste que quelques photos et peu d'informations.

"On s'est rendu compte qu'il y avait une structure, on ne sait pas trop ce que c'est. Elle est là, elle est visible, il y a des traces de bétons mais elle a visiblement brûlé", explique Louise Guedj, étudiante en archéologie.

Pour la deuxième année, le site est fouillé par une quinzaine de personnes et petit à petit, l'emplacement des objets présents à l'époque refait surface. Mobilier, béton, outils, etc.

Jusqu'en 2024

L'objectif de ces fouilles est de comprendre l'organisation du site ou encore les tâches réalisées par les déportés pendant la guerre.

"On a très peu d'archives sur cette zone et des témoignages qui sont très génériques avec très peu de détails. Avec cette fouille, on arrive à caractériser un peu mieux le travail des déportés", explique la responsable scientifique des fouilles.

Ces derniers travaillaient "60 heures par semaine, dès 6h30 le matin en hiver, et n'étaient nourris qu'avec 1500 calories par jour quand il en faut trois fois plus pour un travailleur de force", détaille Guillaume d'Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté-Struthof (CERD), à l'AFP.

Le chantier pour dévoiler ce pan de l'histoire va continuer jusqu'au 26 août et reviendra tous les mois d'août jusqu'en 2024.

Des portes ouvertes sont organisées ce samedi 2 août, de 13h à 18h pour une visite d'environ 1h30. Aucune inscription n'est nécessaire, il suffit de se présenter à la carrière avec des chaussures de randonnée ou des baskets.

Matthieu Chanvillard avec Marine Langlois