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Toulon: prison ferme pour Priscilla Majani, condamnée pour l'enlèvement de sa fille

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Priscilla Majani, qui avait enlevé sa fille avant de disparaître avec elle pendant onze ans, a écopé de cinq ans de prison.

Le verdict est tombé. Priscilla Majani, qui avait enlevé sa fille avant de disparaître avec elle pendant onze ans, a été condamnée à deux ans de prison, 10.000 euros d’amende et 1000 euros au préjudice du père pour dénonciations calomnieuses.

Elle a également écopé d'une peine de trois ans de prison avec mandat de dépôt, trois ans de privation de droits civiques ainsi que 15.000 euros d'amende pour soustraction et non présentation de l'enfant. Ces deux peines concernant deux dossiers distincts, elles sont cumulables.

"Un complot contre le père"

"Des méthodes dignes du grand banditisme pour ne laisser aucune trace". Ce sont les mots forts du procureur de la République à l’encontre de Priscilla Majani, mère de Camille, jugée ce vendredi matin au tribunal de Toulon.

En 2011, la mère de famille et la petite-fille disparaissaient sans laisser de traces, de Carqueiranne (Var). Priscilla Majani avait disparu avec sa fille de cinq ans, dans un contexte de "conflit conjugal" fort, reconnu par toutes les parties, autour de la garde de l'enfant, après avoir accusé le père de viol et d'agression sexuelle sur leur fille. Cette plainte avait été classée sans suite.

La prévenue avait finalement été extradée en août de Suisse, où elle avait été arrêtée quelques mois plus tôt à l'issue d'un banal contrôle routier.

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public, Dominique Mirkovic, avait appelé à la condamnation d'"une mère manipulatrice, qui a hourdi un complot contre le père", écartant la thèse de la défense d'"une mère simplement inquiète, qui a tenté de protéger son enfant".

"Ma fille est la victime et je continuerai de le dire. Je ne suis pas responsable", a réaffirmé Priscilla Majani en réaction au jugement.

Une condamnation "trop faible"

L'audience a duré près de cinq heures vendredi, dans un contexte tendu entre la prévenue et sa défense et la présidente du tribunal, alors que plusieurs personnes manifestaient leur soutien à Priscilla Majani devant le palais de justice.

Alain Chauvet, le père, partie civile, a quant à lui déclaré ne pas pouvoir "s'empêcher de penser que (sa) fille est foutue", car "aliénée par sa mère". L'enfant, aujourd'hui âgée de 16 ans, est à la garde des autorités suisses et refuse tout contact avec son père. Elle a annoncé dans une lettre lue par maître Myriam Guedj Benayoun, l’avocate de la mère, vouloir porter plainte contre son père.

Le tribunal a accordé au père 25.000 euros de dédommagement au titre du préjudice subi et 1500 euros en raison des frais engendrés. Ce dernier s'est dit satisfait d'une condamnation mais estime celle-ci "bien trop faible" par rapport aux actes de son ex-compagne.

Appel de la condamnation

De son côté la présidente du tribunal a tenu à expliquer à la prévenue la condamnation: "vous avez sciemment orchestrée les déclarations de votre fille il y a onze ans. Si votre fille a fait ces déclarations là c'est parce qu'on lui a suggéré de les faire. Vous estimez que c'est votre fille qui est la victime et je suis d'accord avec vous. Votre fille est victime d'avoir été privée de son port et d'une enfance normale."

Les conseils de Priscilla Majani, Maître Caroline Randoulet-Philippot et Maître Myriam Guedj Benayoun, ont soutenu lors de leur plaidoirie que la place de leur cliente "est auprès de sa fille en Suisse".

Maître Myriam Guedj Benayoun, a d'ores et déjà annoncé faire appel de la condamnation indiquant que sa "cliente était innocente".

Laury Holste et Sarah Boumghar avec AFP