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"Rayée du tableau": après deux ans de silence, Manon Lanza dénonce son invisibilisation à la suite de son accident au GP Explorer 2

La surfeuse et Youtubeuse française Manon Lanza le 13 septembre 2023 à Paris

La surfeuse et Youtubeuse française Manon Lanza le 13 septembre 2023 à Paris - BERTRAND GUAY © 2019 AFP

Lors du GP Explorer 2, la créatrice de contenus avait été contrainte d'abandonner à la suite d’un accrochage en voiture avec Maxime Biaggi. Spectatrice de la troisième édition de la course, Manon Lanza a décidé de prendre la parole pour dénoncer son invisibilisation et le silence des organisateurs.

Une "revanche sur le circuit." Lors de la troisième édition du GP Explorer, la course de formule 4 organisée par Squeezie du 3 au 5 octobre, Maxime Biaggi a pris sa revanche. Deux ans après son accrochage avec la vidéaste Manon Lanza sur le circuit Bugatti, le youtubeur s’est hissé à la troisième place du podium.

Sur les réseaux sociaux, les messages fusent. "Max, cette course elle est pour toi, c’est ta revanche." Mais l’expression a du mal à passer du côté de la créatrice de contenus, qui avait terminé aux urgences après l’accident.

Deux ans après l’événement, elle décide de sortir du silence via un long message sur Instagram partagé au lendemain du GP Explorer 3. "J’ai longtemps hésité à écrire ces mots. Par peur qu’on me dise que je dramatise", commence la surfeuse.

"Je me suis sentie comme une statistique"

"Mais je ne peux pas faire semblant que cette lumière (autour de Maxime Biaggi, NDLR) ne ravive pas chez moi l’ombre du silence qu'on m’a imposé", lance la vidéaste suivie par 220.000 abonnés sur Instagram. "A chaque fois qu’on glorifie sa revanche, quelque chose se serre en moi. Parce qu’en face de son récit, il y avait le mien - et lui, on l’a effacé."

"Je n’écris pas par rancune, ni par jalousie", prévient toutefois l’influenceuse sportive, qui ne manque pas de féliciter sa consoeur Kaatsup, deuxième de la course, "un symbole fort dans un milieu masculin". "J’écris pour dire ma vérité et, je l’espère, ouvrir une réflexion sur ce que vivent beaucoup de personnes, essentiellement des femmes, dans ces milieux."

Si la jeune femme dénonce surtout dans sa publication l’invisibilisation dont elle a été victime en tant que femme. “Je me suis sentie comme une statistique dont on use pour prouver qu’on est inclusif. Dont on se sert quand c’est bon pour l’image et dont on se déleste quand elle dérange", lâche-t-elle. Car, au moment où la vidéaste avait vraiment besoin de soutien en tant que figure féminine dans ce milieu, elle estime avoir été mise sur la touche.

"La vraie violence était dans le silence de ceux qui auraient dû me protéger"

Lors de l’édition précédente, "je suis partie aux urgences et c’est lui (Maxime Biaggi, NDLR) qu’on a plaint et moi qu’on a insulté", rappelle-t-elle. Une situation d’autant plus difficile à supporter pour la vidéaste qu’à la fin de la deuxième édition de la course, Squeezie avait salué l’absence de blessé dans son discours de fin. Le tout, sans évoquer la situation de Manon Lanza.

"J’étais littéralement à l’hôpital quand il prononçait ces mots", déplore-t-elle. "Rayée du tableau, parce que cette fois, la réalité dépassait le storytelling", écrit-elle sèchement, photo de ses blessures à l’appui.

Pire, Manon Lanza subit une vague de cyberharcèlement. Elle reçoit 60.000 tweets de haine. Parmi eux, des messages sexistes, violents et déshumanisants. "Femme au volant, mort au tournant", "elle a juste tout gâché", "danger public", pouvait-on lire sur X, ex-Twitter.

"Mais la vraie violence, pour moi, elle était ailleurs: dans le silence de ceux qui auraient dû me protéger", grince celle qui a donné "deux ans de sa vie" à ce projet. "Pire encore, dans ceux qui ont choisi de me tourner le dos. (...) Pas un message. Pas un appel."

Des cas fréquents de cyberharcèlement

Mais pour protéger Squeezie, et l’image du GP Explorer, Manon Lanza choisit de garder le silence. Elle préfère évoquer son cyberharcèlement en privé. "Finalement, deux stories deux jours après", cingle-t-elle. "Voilà ce que vaut une femme quand elle ne rentre plus dans le cadre. Quand elle ne fait plus partie du storytelling." Le youtubeur avait fini par prendre la parole sur Twitch, deux jours après les faits.

"Je n’ai pas été honorée, mais aujourd’hui je me rends justice", conclut la vidéaste amère, qui précise toutefois ne pas chercher vouloir régler des comptes. "J’espère, à travers mes mots, en rendre aussi un peu à celles et ceux qui, malgré eux un jour, ont été réduits au silence, à une case à cocher ou à un rôle décoratif."

Son message a reçu pas moins de 63.000 likes sur Instagram, et plus de 11.000 partages. Les commentaires ont toutefois été désactivés.

Maxime Biaggi a réagi dans un live Twitch, sans avoir lu le post. "Les gars, ce que Manon a vécu est terrible. On aurait été rancunier pour moins que ça", rappelle le youtubeur. "Peut-être qu’elle estime que je ne l’ai pas assez soutenu. Ça a été très dur pour tout le monde, très dur à gérer. Laissez-la tranquille." Pour le moment, Bump, l’agence d’influence de Squeezie derrière le GP Explorer et Squeezie ne se sont pas exprimés.

Manon Lanza est loin d’être une exception. Plusieurs créatrices de contenus, comme Lea Elui ou Kaatsup, ont également subi une vague de cyberharcèlement lors de la troisième édition du GP Explorer 3.

Salomé Ferraris