Programme "de la deuxième chance": comment Youtube va réintégrer des utilisateurs bannis pour désinformation

Les créateurs bannis pour désinformation pourront récupérer une nouvelle chaîne Youtube... à condition d'y être éligibles. ll ne sera pas possible d'être réintégré sur la plateforme en cas de violation des droits d'auteur ou si le compte a été banni il y a moins d'un an.

Une victoire de plus pour la désinformation. Aux Etats-Unis, Youtube va réintégrer des créateurs bannis de la plateforme ces dernières années pour avoir diffusé des informations erronées sur le Covid-19 et les élections américaines.

"Nous savons que de nombreux créateurs bannis méritent une seconde chance. Youtube a évolué et changé au cours des 20 dernières années, et nous avons eu notre lot de secondes chances pour améliorer les choses avec notre communauté", déclare l'entreprise dans un billet de blog, jeudi 9 octobre.

Pression politique

Sous la pression politique, le réseau social avait précisé le mois dernier, dans une lettre adressée à Jim Jordan, le président républicain de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, la mise en place d'un tel programme pour "un sous-ensemble de créateurs" et "les chaînes fermées en raison de politiques obsolètes". Avec un objectif: donner "plus de place aux voix conservatrices".

En 2020, Youtube a annoncé la suppression des vidéos contenant de la désinformation sur le vaccin contre le Covid-19, et plus largement sur les vaccins. Après l'insurrection du 6 janvier au Capitole, Youtube a également annoncé la suppression des chaînes diffusant de la désinformation sur l'élection de 2020.

Résultat, plusieurs figures-clés de l’administration Trump avaient été temporairement empêchées de diffuser leurs vidéos sur la plateforme. C’est le cas de Dan Bongino, l'actuel directeur adjoint du FBI, de Sebastien Gorka, chef de la lutte antiterroriste à la Maison Blanche, de Steve Bannon, l'ancien stratège du président ou de Donald Trump lui-même. Tous avaient été accusés par la plateforme de propager des informations erronées sur les deux sujets.

Depuis, et un peu sous la contrainte, le réseau a rétropédalé. Le président américain a donc été réintégré. Certaines politiques de modération ont également été abandonnées afin de "refléter les nouveaux types de discussions et de contenus", observés sur la plateforme.

Plusieurs conditions à remplir

"Youtube continue de permettre une diversité de perspectives et estime que les créateurs devraient pouvoir débattre ouvertement d'idées politiques sur la plateforme", assure l'entreprise.

Ce nouveau programme commence à être déployé dès aujourd'hui, vendredi 10 octobre. Dans les semaines à venir, les créateurs éligibles verront une option leur permettant de demander une nouvelle chaîne lorsqu'ils se connecteront à Youtube Studio avec leur ancienne chaîne.

Youtube assure prendre en compte "plusieurs facteurs" pour évaluer les demandes de nouvelles chaînes, notamment "si le créateur a commis des violations particulièrement graves ou persistantes de notre règlement de la communauté ou de nos conditions d'utilisation, ou si ses activités sur ou hors plateforme ont porté préjudice ou pourraient continuer de porter préjudice à la communauté", précise l'entreprise.

Il ne sera, par exemple, pas possible d'être réintégré sur la plateforme en cas de violation des droits d'auteur ou si le compte a été banni il y a moins d'un an. Si vous avez supprimé votre chaîne Youtube ou votre compte Google, vous ne pourrez pas demander un nouveau profil pour le moment.

Avec ce programme, le réseau social, propriété de Google, tente un peu plus de s'aligner avec le gouvernement de Donald Trump. Fin septembre, la plateforme de vidéo a annoncé verser 22 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites engagées par le républicain après la suspension de son compte Youtube.

Le géant de la tech avait également mis fin, en février dernier, à ses programmes conçus pour favoriser la diversité dans les recrutements. Dans la foulée, l'entreprise avait accepté de modifier le golfe du Mexique en "golfe d'Amérique" sur Google Maps.

Salomé Ferraris