Youtube: désinformation, complotisme et antivax, les chaînes bannies par Google autorisées à revenir aux Etats-Unis

Youtube va "valoriser les voix conservatrices". Dans une lettre adressée à la Chambre des représentants, la plateforme d'hébergement de vidéos de Google annonce qu'elle met fin à une grande partie de sa politique contre la désinformation. Elle va au passage débannir les nombreuses chaînes supprimées en raison de propos complotistes sur le COVID-19 et sur les élections américaines.
Un tournant pour Youtube, qui annonce que cette décision reflète "l'engagement de la société en faveur de la liberté d'expression".
"Youtube reconnaît que les créateurs (conservateurs) ont une portée étendue et jouent un rôle important dans le discours civique," est-il écrit dans la lettre. "(Nous reconnaissons) que ces créateurs font partie de ceux qui façonnent la consommation en ligne d'aujourd'hui."
Un genou en terre devant Donald Trump
Dès aujourd'hui, Youtube va donc permettre à tous les créateurs dont les chaînes ont été bannies pour "violation répétées des politiques d'intégrité autour du COVID-19 et des élections" de revenir.
Cette modification majeure, qui ne concerne à ce stade que le territoire américain, est un énième exemple de la mise au pas du secteur de la tech en faveur de la politique ultra-conservatrice de Donald Trump et de son mouvement MAGA.
Entre 2020 et 2022, mais aussi en janvier 2021, Youtube avait supprimé de nombreuses chaînes appelant à l'insurection contre le Capitole - haut lieu de la démocratie américaine, attaqué par des partisans de Donald Trump - mais aussi celles cherchant à mettre en doute les avancées scientifiques, dont les vaccins, autour de la pandémie de COVID-19.
Youtube en profite pour attaquer l'Europe
Dans l'Union européenne, Youtube reste toutefois dans l'obligation de respecter un certain nombre de règles, notamment concernant la modération des contenus. La plateforme a d'ailleurs profité de cette lettre d'allégeance envers Donald Trump pour prendre à partie l'Union européenne, parlant "d'une charge réglementaire disproportionnée" et exprimant son "inquiétude" au sujet du règlement sur les services numériques (DSA).
Youtube ose même expliquer que le DSA ferait peser une menace sur la liberté d'expression "au sein et à l'extérieur" de l'Union européenne - alors que ce règlement ne s'impose que sur le Vieux continent. Google n'a visiblement toujours pas digéré l'amende de 2,95 milliards d'euros infligés par la Commission européenne au début du mois de septembre 2025 en raison d'un abus avéré de position dominante. A moins qu'il ne s'agisse là que d'un exercice imposé, puisque cette position est à l'identique celle que Donald Trump et son administration défendent depuis plusieurs mois.
Avec cette lettre, Google cherche en tout cas une nouvelle fois à plaire au président américain. Le géant de la recherche a également mis fin à ses programmes d'inclusivité dans son processus de recrutement et de ressources humaines. Il avait aussi accepté de modifier le golfe du Mexique en "golfe d'Amérique" sur Google Maps.