Les autorités françaises scrutent le réseau social TikTok de très près

TikTok - BFMTV.com
TikTok dévoile pour la première fois un "Rapport de transparence" sur les demandes légales concernant les utilisateurs, formulées par "divers organismes officiels". Comme "des agences gouvernementales ou des représentants des forces de l’ordre", précise le communiqué.
En quatre ans à peine, TikTok s’est imposé comme un mastodonte dans l’univers des réseaux sociaux. Le service de l’entreprise chinoise ByteDance revendique 800 millions d’utilisateurs actifs par mois. Juste derrière Instagram, qui affirme en posséder plus d’un milliard. Parmi ces 800 millions, combien de Français? Difficile de le dire même si l’on sait qu’en 2018, l’application a enregistré 9,1 millions de téléchargements dans l’Hexagone. Les autorités savent que l’application vaut le coup d’être surveillée.
Le Rapport de transparence révèle que la France a adressé à TikTok huit demandes de renseignements entre janvier et juin 2019, dont trois “urgentes" concernant 17 profils d’utilisateurs. A titre de comparaison, l’Allemagne en a formulé douze pour autant de profils, l’Italie, trois. Bien loin des 107 réclamations de l’Inde et des 39 du Japon.

TikTok précise avoir répondu favorablement à 12% des demandes des autorités françaises, sans plus de précision. Un pourcentage étonnant qui ne rapporte visiblement pas aux nombres de demandes mais aux profils concernés par celles-ci. Cela signifierait que TikTok a renseigné les autorités françaises sur deux utilisateurs.
Quelles sont ces informations?
TikTok précise que les organismes officiels peuvent réclamer le “retrait de contenus enfreignant les lois locales”. Le gouvernement français a justement formulé deux demandes de retrait concernant deux comptes TikTok. Le réseau social chinois les a supprimés.
Les requêtes des organismes peuvent aussi concerner une enquête judiciaire en cours ou une situation d’urgence pendant laquelle des informations relatives à un compte sont nécessaires.
Aucune demande de la Chine au réseau social chinois
L’application TikTok, qui appartient au géant chinois ByteDance, est très populaire dans le pays. Et pourtant, le rapport ne fait état d’aucune demande de la part de la Chine. Il est bien précisé que la plateforme “n’a reçu aucune demande légale de la part de pays autres que ceux figurant dans la liste”. Mais ce n’est pas suspect pour autant. Car TikTok n’est pas disponible dans le pays: les utilisateurs chinois ont une application clone qui leur est réservée, appelée Douyin.
En tout, TikTok explique avoir “répondu aux 298 requêtes officielles reçues de la part de 28 pays sur cette période de six mois.” Un rapport concernant la seconde partie de l’année 2019 devrait paraître dans ces prochains mois.
Accusations de censure et craintes d'espionnage
Le réseau social est surveillé de près. Notamment par les Etats-Unis qui craignent que la Chine s’en serve pour espionner les citoyens américains. L’armée de terre vient d’ailleurs d’interdire à ses soldats de l’utiliser sur leur téléphone professionnel. La considérant comme une “cybermenace”, après y avoir mené des campagnes de recrutement.
TikTok est aussi régulièrement accusé de censure, sous couvert de vouloir se concentrer sur “les contenus positifs”. Quasiment aucune trace des manifestations en cours à Hong-Kong, opposants militants pro-démocratie et gouvernement chinois. Récemment, la suppression du compte d’une jeune femme qui avait mis en ligne une vidéo dénonçant la détention de Chinois musulmans dans des camps a fait grand bruit. Mais TikTok a assuré qu’il ne s’agissait pas là de censure. Selon le réseau social, l’utilisatrice a été sanctionnée pour avoir fait apparaître dans une précédente vidéo une image du terroriste Oussama Ben Laden.