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États-Unis: après ICEBlock, Apple supprime "Eyes Up", l’application qui archivait les vidéos des dérives de l’agence américaine de l’immigration ICE

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Apple supprime "Eyes Up", une application qui archivait les vidéos sur les abus de l’agence ICE, ravivant encore le débat sur la surveillance et la censure des libertés numériques aux États-Unis.

Un nouvel épisode de la censure made in USA. Quelques jours après le retrait d’ICEBlock de l’App Store, Apple se retrouve à nouveau sous le feu des critiques pour avoir supprimé l’application "Eyes Up", spécialisée dans l’archivage de vidéos et d’articles sur les actions de l’agence américaine Immigration and Customs Enforcement (ICE).

D’après ses créateurs, cette suppression aurait été ordonnée suite à des pressions du Département de la Justice, sur fond de polémique politique autour de la surveillance gouvernementale et des libertés numériques.

Contrairement à ICEBlock, retirée pour des raisons de "sécurité des agents fédéraux", Eyes Up ne proposait pas de suivi en temps réel. "Notre objectif est la transparence du gouvernement, pas l’espionnage", affirme Mark, administrateur du projet, qui précise que les autorités cherchent surtout à "effacer des preuves compromettantes".

D'autres applications retirées

Pour se protéger de possibles représailles, Mark a d’ailleurs préféré ne communiquer que son prénom lors de son entretien avec 404 Media, estimant que l’administration Trump est gênée par la quantité de vidéos sensibles recensées par l’application.

"DeICER", une autre application dédiée à l’archivage des activités des forces de l’ordre affiliées à l’ICE, a également été retirée de l’App Store. En début de semaine, Apple et Google avaient déjà suspendu ICEBlock, une application lancée en avril permettant à ses utilisateurs de signaler la présence d’équipes de l’ICE et d’échanger des informations de localisation en temps réel.

Parallèlement, l’Immigration and Customs Enforcement dispose de puissants outils de surveillance de masse, lui permettant de pister la localisation de centaines de millions de téléphones mobiles à travers le pays. Les agents peuvent accéder à d’immenses bases de données de géolocalisation et de réseaux sociaux, notamment via les solutions Tangles et Webloc, initialement développées par la société israélienne Cobwebs et aujourd’hui commercialisées par Penlink.

Pour rappel, les opérations de l’ICE, pivot de la politique d’expulsions massives impulsée par Donald Trump, font régulièrement l’objet de manifestations et d’une forte opposition à travers les États-Unis. L’agence est critiquée pour ses arrestations musclées et la mise en œuvre de technologies de surveillance invasives ciblant les migrants et leurs soutiens.

Raphaël Raffray