En Chine, une base de données de près de deux millions de femmes "prêtes à enfanter"

Une base de données facilement accessible comprenait les coordonnées de près de deux millions de Chinoises. - GREG BAKER / AFP
Si les bases de données librement accessibles en ligne sont innombrables, toutes ne comprennent pas des informations intimes. Au fil de son exploration des fichiers à portée de main sur le Web, le chercheur en sécurité hollandais Victor Gevers a déniché un dossier comprenant les numéros de téléphone, âge, adresse et le statut marital de 1,8 million de femmes chinoises, fait savoir le Guardian. Aux côtés de ces informations, une mention "BreedReady", soit littéralement "prête à enfanter", souligne le chercheur sur Twitter.
Très largement pékinoises (à 82%), les femmes concernées ont de 15 à 95 ans, l'âge moyen étant de 32 ans. La plus jeune d'entre elles associée à la mention "BreedReady" a, elle, 18 ans. Victor Gevers légitime l'existence de cette base de données par le manque de femmes en Chine et les problèmes afférents en matière de renouvellement de la population. Pourtant, ni l'identité de l'auteur d'une telle base, ni les circonstances de sa création n'ont encore véritablement été éclaircies.
29 808 bases ouvertes en Chine
GDI Foundation, l'organisation au sein de laquelle travaille Victor Gevers, s'est spécialisée dans la détection de failles de sécurité en ligne. "Nous utilisons des outils open source tels que Shodan (un moteur de recherche pour objets connectés, ndlr.) pour dénicher ces failles", explique Victor Gevers auprès de BFM Tech. "Nous enquêtons par la suite au sujet du propriétaire de la base vulnérable pour le contacter, avant de lui décrire le problème et la façon de le résoudre. A l'heure actuelle, le propriétaire de la base dernièrement découverte reste inconnu".
Le collectif a face à lui un large terrain de jeu pour mener à bien son exploration. En tout, 29 808 bases de données dites "MongoDB" sont accessibles sans protection en Chine, note Victor Gevers. Certaines peuvent s'avérer encore plus fournies que celle des près de deux millions de femmes chinoises. Mi-février, la GDI Foundation révélait ainsi l'existence d'un fichier comprenant des informations au sujet de 25 millions de résidents de la province du Xinjiang, comme le notait le Guardian. Une province tristement connue pour la répression de la communauté ouïghoure.
"Nous explorons encore toutes les possibilités pour déterminer à quoi correspond la base de données que nous avons découverte", précise Victor Gevers. "Le fait que cette fuite de données ait eu lieu en Chine avive les discussions et pousse certaines personnes à tirer des conclusions bien rapidement. Je m'inclus dans le lot", admet-il. Le pays s'illustre en effet par son appétence pour la reconnaissance faciale et les technologies de surveillance.
La Chine est pourtant loin d'avoir le monopole du stockage de données intimes. De nombreuses femmes françaises voient régulièrement apparaître sur YouTube des publicités ciblées en faveur d'un célèbre test de grossesse. Ce qui implique que Google détienne également, et à partir d'informations très facilement accessibles en ligne, des données sur ses utilisatrices et leur tranche d'âge. "Google dispose de bases de données à faire pâlir jusqu'aux agences de renseignement", rappelle ainsi Victor Gevers.