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De l'embryon à la poussette: ces start-up veulent surveiller votre bébé

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- - YouTube (VRFetus)

CES 2019 – Le grand salon de l’électronique de Las Vegas fourmillait cette année d’innovations amenées à surveiller et quantifier tous les stades de la grossesse et du développement de l'enfant. Au risque de se montrer particulièrement intrusives.

A les voir, on se demande comment les nouveaux-nés ont pu parvenir à l’adolescence sans eux. Sous les néons du CES de Las Vegas, le plus grand salon de l’électronique au monde, les capteurs de rythme cardiaque, de souffle ou les ceintures de grossesse connectées côtoyaient les écrans enroulables et smartphones pliables.

Ces objets, qui touchent à l’intime, sont désormais des innovations comme les autres. En tout, une quarantaine d'exposants tombaient cette année dans la catégorie "Famille et technologies", sur les plus de 4000 entreprises participantes. Dans les allées interminables du salon, il était possible de tomber nez à nez avec le stand de VRFetus, une application pour découvrir son fœtus en réalité virtuelle et compléter avant l'heure son album de photos de famille.

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- © VRFetus

Quelques mètres plus loin, la start-up Nanit présentait une caméra à placer au-dessus du berceau. L'appareil est chargé de surveiller les habitudes de sommeil du nourrisson et de recommander des heures de coucher plus appropriées. Grâce à une analyse d'image centrée sur la poitrine de l'enfant, la caméra est capable de vérifier sa bonne respiration. "Les parents vont jusqu'à consulter l’application dédiée cinq fois par nuit pour vérifier les données respiratoires", confie bien volontiers le vice-président de la start-up.

A ce jour, aucune de ces innovations n'a reçu l'approbation d'un régulateur pour être utilisée à des fins médicales. Mais leurs créateurs l’assurent : elles sont amenées à conférer calme et tranquillité aux parents qui préfèrent garder le contrôle. L’une des créations les plus impressionnantes reste probablement la ceinture de grossesse connectée d'Owlet.

L’entreprise s’était déjà illustrée par sa chaussette connectée, capable de suivre les battements cardiaques. Sa ceinture, plus imposante, peut suivre le rythme cardiaque du fœtus dès 24 semaines, mais également ses mouvements. Elle est par ailleurs chargée de donner l'alarme lors des premières contractions de la mère.

Cette dernière peut consulter des "rapports de bien-être" sur une application affiliée. Y figurent des avertissements, si le rythme cardiaque ou les mouvements du fœtus présentent des anomalies. Le tout pour 299 dollars (environ 260 euros).

Une "intimité artificielle"

Au détour d'une des allées du CES, un énième objet interpelle. Rond, blanc, en plastique, il rappelle la forme d'un sein. Présenté par la start-up Willow, il s'agit d'un tire-lait "intelligent". Ce dernier se veut plus pratique que les appareils traditionnels, en permettant d'être utilisé à l'horizontale. Surtout, une application est disponible sur iOS et Android pour suivre la quantité de lait collectée. Le "Willow 2.0" sera expédié dès février pour 500 dollars (environ 440 euros).

Le Willow 2.0.
Le Willow 2.0. © Engadget

Faut-il forcément être connectés pour être de bons parents ? Le marché des objets intelligents liés à la maternité et à la surveillance des nourrissons est encore en pleine éclosion et mérite d’être encadré. "Les contraintes du marché des objets connectés font qu'on assiste à une course effrénée à la commercialisation de produits de qualité souvent médiocre et à la sécurité presque toujours défaillante", estime Rayna Stamboliyska, auteur de La face cachée d'Internet (Larousse, 2017). "Si l'on prend le cas d'un suivi médical d'une grossesse à risque ou dans un "désert médical", un objet connecté peut être utile à condition que le suivi se fasse sur une durée limitée et que les médecins participants soient formés à l'utilisation et à la gestion des données. Le patient doit surtout être en mesure de garder la maîtrise des données intimes ainsi générées. Nous en sommes encore très loin aujourd’hui, et cela peut créer des conditions de dépendance et de stress pour les personnes concernées".

Cette appétence des nouvelles technologies pour l'intime, bien visible au CES, n'empêche pas une forme de pudibonderie. Le salon a cette année fait parler de lui pour avoir banni de ses stands un sextoy connecté féminin, "Osé". Les organisateurs ont été jusqu'à retirer son "CES Innovation Award" à la start-up, en se référant à son règlement. D'après ce dernier, sont bannies les innovations "immorales, obscènes, indécentes ou profanes". D'autres objets sexuels, cette fois destinés aux hommes, n'ont semble-t-il pas été jugés contraires au règlement.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech