Allemagne: un homme de 20 ans avoue avoir piraté des données de parlementaires par "agacement"

- - STEFFI LOOS / AFP
L'auteur du piratage des données d'un millier de responsables politiques, dont la chancelière Angela Merkel, de journalistes et de personnalités publiques, a agi par "agacement", ont déclaré mardi les autorités. Aucune personnalité n'est particulièrement évoquée. Tout lien avec l'extrême droite est pour l'instant écarté. Et ce, même si les élus du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) sont les seuls à avoir été épargnés.
"Il n'y a aucun indice objectif laissant conclure à une motivation politique", a expliqué Georg Ungefuk, porte-parole du département de lutte contre la cybercriminalité au parquet de Francfort lors d'une conférence de presse.
Ce piratage de grande envergure, révélé vendredi, a choqué le pays. La ministre de la Justice Katarina Barley a même parlé "d'attaque contre la démocratie". Selon les premier éléments de l'enquête, cet Allemand de 20 ans, encore scolarisé et vivant chez ses parents, a réussi à pirater ces données confidentielles depuis sa chambre. En décembre, il les avait diffusées jour après jour sur deux comptes Twitter, à la manière d'un calendrier de l'Avent dont il faut ouvrir porte après porte pour accéder à l'information.
"Concernant son motif, il a dit avoir été agacé par des propos publics" de ses victimes, "mais sans donner plus de détails", a précisé Georg Ungefuk.
Le jeune homme passe aux aveux
Plus tôt, la police allemande avait annoncé avoir interpellé le jeune homme dimanche à son domicile dans la région de Francfort, à la suite d'une perquisition dans la maison de ses parents. Le jeune homme, qui dit avoir agi seul, est passé aux aveux, après quoi il a été remis en liberté, ont indiqué les autorités. Le "hacker" aurait acquis ses connaissances techniques par lui-même en passant "beaucoup de temps sur son PC", explique Georg Ungefuk.
Ont été divulgués principalement des contacts, adresses, conversations sur internet, documents d'identité et administratifs ou lettres. Dans certains cas, des photos, adresses privées ou numéros de téléphones portables ont été publiés. Notamment ceux de la présidente du parti social-démocrate Andrea Nahles qui s'était déclarée "très affectée et blessée".
Le gouvernement critiqué
C'est son prédécesseur, l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz, qui avait alerté les autorités. Il avait contacté la semaine dernière la police après avoir été appelé sur son portable par plusieurs inconnus. Concernant Angela Merkel, la publication a concerné des adresses emails, déjà semi-publiques, et des liens renvoyant à des lettres lui ayant été adressées.
L'affaire est embarrassante pour le gouvernement, accusé d'incurie dans la lutte contre la cybercriminalité. Car en décembre, les autorités étaient au courant qu'un piratage était en cours mais n'en ont pas immédiatement averti les responsables politiques et personnalités concernées.