Menacé d'interdiction, Tiktok invite ses utilisateurs américains à faire pression sur les élus

Tiktok passe à l'offensive. Aux Etats-Unis, l'application chinoise souhaite désormais influencer la politique du pays en utilisant sa principale force de frappe: un accès direct à quelque 170 millions d'utilisateurs.
Comme le rapportent plusieurs médias américains dont le site spécialisé The Verge, une notification a été envoyée au cours des dernières heures par Tiktok aux utilisateurs afin qu'ils contactent leur élu local. Le but: éviter que le Congrès n'adopte une loi remettant en cause l'existence de Tiktok aux Etats-Unis.
Ce 6 mars, 20 élus américains (dix démocrates et dix républicains) ont en effet annoncé un projet de loi visant à imposer à Bytedance, maison-mère de Tiktok, de vendre la plateforme. Pour les élus américains, l'enjeu est d'éviter tout risque d'ingérence et d'espionnage de la part du gouvernement chinois, qui exerce un contrôle direct sur l'ensemble des entreprises technologiques.
Dites-leur de voter "non"
Pour éviter ce scénario catastrophe, Tiktok a ainsi rédigé une notification expliquant que le Congrès "prévoit de bannir totalement Tiktok" et qui évoque une restriction de "droit constitutionnel à la liberté d'expression de 170 millions d'Américains".
"Dites au Congrès ce que Tiktok signifie pour vous et dites-leur de voter 'non'" implore l'application à ses utilisateurs.
Sous le message, l'utilisateur est invité à renseigner son code postal afin d'obtenir directement le nom de son élu local, et de pouvoir l'appeler, sans même avoir besoin de sortir de l'application.
Ce type de stratégie n'est pas nouveau pour Tiktok, entreprise sur laquelle plane depuis plusieurs années une menace d'interdiction aux États-Unis. Début 2023, toujours dans le but de faire pression sur les élus, Tiktok avait mis en scène plusieurs de ses influenceurs stars directement au Capitole, afin de populariser le mot-clé #KeepTikTok (#GardezTikTok).
L'idée d'une interdiction de Tiktok est loin d'être nouvelle. Elle avait notamment été évoquée en 2020 par Donald Trump, avant d'être mise au rebut par Joe Biden. Mais depuis, les alertes se sont multipliées. Le 15 novembre 2022, le patron du FBI partageait ainsi ses préoccupations quant aux risques d'ingérence de la Chine dans les pays occidentaux grâce à Tiktok.
En plus des risques de manipulations politiques, le FBI évoquait la possibilité dont dispose Pékin pour espionner des millions d'Américains. Un risque qui s'est matérialisé puisqu'on apprenait quelques jours plus tard que des salariés de Tiktok avaient espionné des journalistes britanniques, via l'accès à la localisation dont dispose l'application sur nos smartphones. Des salariés basés aux Etats-Unis… et en Chine.