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Pourquoi le jeu vidéo devient un divertissement crucial pour les véhicules électriques

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Pour ne pas s’ennuyer à bord, les constructeurs automobiles intègrent des éléments de divertissement. Mais le jeu vidéo devient de plus en plus un intéressant pour les modèles électriques.

Les habitacles des véhicules seraient-ils devenus les nouveaux salons? La question peut paraître absurde, mais une fois derrière son volant, un conducteur peut, au moins sur le plan technique - pas sur le plan légal - regarder un film, et même jouer à un jeu vidéo. Et sur le segment de l’électrique, cette tendance est exacerbée.

"Les constructeurs tentent de répondre à l’un des grands enjeux: la continuité des services. C’est l’une des principales promesses de la voiture connectée", explique Guillaume Crunelle, le responsable du secteur automobile chez Deloitte.

Des PlayStation 5 dans les voitures Honda

L’idée est de pouvoir commencer une activité chez soi et la poursuivre en voiture. Pour ce qui est de l’information ou de la musique, cette continuité est aujourd’hui parfaitement disponible. "Force est de constater que sur l’aspect du jeu vidéo, la promesse n’est pas tenue aujourd’hui", indique Guillaume Crunelle. Avec l’idée en tête que la voiture autonome permettra, un jour, au conducteur de délaisser totalement son volant.

"Les constructeurs veulent amener le niveau de prestation dans le jeu vidéo au même niveau que les autres domaines", détaille-t-il.

C’est pourquoi Honda s’est associé en début d’année à Sony pour créer des véhicules électriques. L’entité Sony Honda Mobility a annoncé en novembre qu’elle allait intégrer des PlayStation 5 dans ses voitures. Et ce, dès leur fabrication.

"C’est un partenariat qui a du sens, accorde Guillaume Crunelle. Cet ensemble de partenaires maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’écran à la console. Cela a donc du sens pour les apporter au sein de la voiture."

Pour le constructeur japonais, l’objectif est bel et bien de miser sur les contenus, services et technologies de divertissement de Sony. "Nous adaptons ces éléments à la mobilité, et c’est là notre force face à Tesla", précise Izumi Kawanishi, le président de Sony Honda Mobility.

Si l’acteur nippon vise nommément la marque américaine, c’est qu’elle a été la première à proposer ce type de divertissement au sein d’un véhicule. Même si l’ensemble des constructeurs avait cette volonté en tête, l’entreprise d’Elon Musk a été le premier à se lancer.

Les nouvelles mobilités avant les véhicules autonomes

Mais en fin d’année dernière, l’agence américaine de la sécurité routière a imposé à Tesla d’empêcher l’accès à l’offre de jeux vidéo pendant un trajet. Trois jeux étaient accessibles au passager. Ils le sont désormais uniquement à l’arrêt puisque certains conducteurs utilisaient la fonction de conduite autonome du constructeur pour jouer, et donc se détourner de la route.

Néanmoins, le jeu vidéo reste un divertissement intéressant lors des recharges - parfois longues - des véhicules électriques. Mais Guillaume Crunelle identifie deux autres raisons. "En moyenne, les gens qui achètent une voiture neuve ont 57 ans en France. Il y a donc un enjeu générationnel pour rajeunir cette population", avance l’expert.

Et si le jeu vidéo devenait aussi un levier pour le covoiturage? "Offrir ce type d’expérience peut rendre plus acceptable ou attractif le fait de ne pas être propriétaire d’une voiture et donc de partager un trajet", estime Guillaume Crunelle. Et d’ajouter: "Je pense que ces dispositifs favorisent plus les nouvelles mobilités, même si c’est dans le cadre du véhicule autonome que l’on va les vendre."

Car le jeu vidéo pour le conducteur, ce n'est pas pour demain. "On peut raisonnablement douter que l’on puisse, dans un horizon proche, jouer pendant que l’on roule", observe le responsable du secteur automobile chez Deloitte. Selon lui, le parallèle entre le divertissement et l’autonomisation du véhicule ne tient pas: "Ces cycles ne sont pas alignés", tranche-t-il.

D’ailleurs, la conduite autonome de niveau 3, entrée en vigueur au 1er septembre, n’autorise pas au conducteur de jouer au volant. Bien qu’elle introduise la notion de conduite "sans les mains", son application reste limitée avec uniquement quelques modèles concernés et certaines portions de route. Les volants ont encore quelques années devant eux avant de céder la place aux manettes.

Pierre Monnier