Netflix promet une année faste pour contrer son rival en France

Quand Disney annonce avoir signé un accord avec le milieu de la production audiovisuelle, et notamment le cinéma français, pour réduire la fenêtre de diffusion des films locaux et de ses studios à 9 mois au lieu de 17 sur Disney+, la nouvelle fait grand bruit. D'autant plus qu'elle a lieu le soir même ou Netflix dévoile en grande pompe son programme pour 2025.
Chez Netflix, on s'agace forcément: "La manière dont Disney a pu arracher ce deal est déplaisante," grince à Tech&Co un responsable de la plateforme.
Les productions originales font rayonner Netflix
Une manière d'autant plus déplaisante qu'elle est inattendue: "On s'attendait à ce que Disney tente de renverser la table depuis qu'ils ont annoncé se séparer de Canal+, mais pas à ce point," nous explique-t-on. Depuis longtemps, Netflix cherche lui aussi à réduire la fenêtre de diffusion des films sur sa plateforme - elle avait réussi à arriver à 15 mois lors de la dernière modification de la chronologie des médias - et son souhait, de nouveau revendiqué dans le podcast "La saga Netflix" diffusé sur Tech&Co à l'automne 2024, est d'arriver à douze mois.
Mais ça, c'était avant que Disney+ n'obtienne neuf mois. Un délai qui pourrait avoir été imposé par le studio hollywoodien, grince un responsable de Netflix: "Ils ont probablement encore menacé de ne plus sortir leurs films au cinéma, et comme Disney est nécessaire aux cinémas, il ne fallait surtout pas en arriver là. Le bluff a bien fonctionné."
Pour contre-attaquer, Netflix mise sur ses productions originales: "Jamais l'offre n'aura été aussi importante qu'en 2025," lâche la plateforme dès le début de la conférence des nouveaux programmes.
Elle multiplie les projets sur la plateforme française: "Nous voulons créer du contenu pour nos abonnés en France, mais qui a vocation à s'exporter."
"Vous avez déjà vu une série française de Disney+ s'exporter?"
Car si les productions françaises sont souvent synonymes de carton en France, leur destin à l'international est tout aussi satisfaisant. Sous la Seine en est un parfait exemple: ce film de monstre lancé juste avant les Jeux olympiques de Paris 2024 est devenu l'une des productions françaises les plus regardées dans le monde, avec plus de 110 millions de visionnages. Même chose pour la série Lupin, portée par Omar Sy, qui a connu un retentissant succès partout dans le monde.
"Nous sommes le seul diffuseur à pouvoir créer des hits mondiaux alors qu'ils sont pensés pour la France," souffle un responsable de la plateforme à Tech&Co, "vous avez déjà vu une série française de Disney+ fonctionner ailleurs que dans l'Hexagone?", s'amuse-t-il.
Si les abonnés Netflix peuvent profiter d'un catalogue d'anciens films et de séries venant d'autres studios, il faut néanmoins admettre que ce qui fait le succès de la plateforme de SVOD aux 300 millions d'abonnés est avant tout sa production maison. Si House of Cards a servi de cheval de Troie, d'autres lui ont largement emboîté le pas depuis, comme notamment Stranger Things, qui aura son ultime saison en 2025, Squid Games également, et The Crown.
"Les gens s'abonnent pour le style Netflix," abonde d'ailleurs Netflix. Faut-il pour autant accepter de financer toujours plus en France pour revenir dans la course à la chronologie des médias?
"Les choses vont changer," glisse-t-on chez Netflix. "Nous n'allons pas nous laisser faire."
A l'issue de cette présentation, portée par des extraits et quelques annonces - le retour d'Omar Sy dans une romance avec Sara Giraudeau, la présence du judoka Teddy Rinner dans une télé-réalité, la série d'animation Astérix et Obélix d'Alain Chabat... - un seul mot d'ordre: "Que Disney profite, car on arrive, et personne n'est prêt, ils sont loin d'avoir gagné." Qu'à cela ne tienne.