Comment Disney+ veut renverser la chronologie des médias en proposant ses films toujours plus tôt

Les films Disney vont-ils arriver sur Disney+ six mois après leurs sorties en salles? C'est en tout cas ce qu'espère Walt Disney Company, qui va profiter des prochains mois pour repartir à l'assaut de la chronologie des médias.
Ce concept franco-français permet à l'heure actuelle de privilégier les sorties au cinéma en distribuant les films selon un ordre bien spécifique côté diffuseurs. Canal+ et OCS, qui contribuent le plus au financement du cinéma français, peuvent ainsi bénéficier de la première fenêtre, qui est de six mois. Viennent ensuite d'autres services de télévision payante, puis les plateformes de streaming. Netflix, qui finance davantage que ses concurrents, doit attendre quinze mois, tandis que Disney+ et Prime Video doivent patienter dix-sept mois.
Dynamiter Canal+ en contribuant plus
Un rythme particulièrement lent, notamment pour Disney, qui avait déjà obtenu un coup de rabot (l'attente était alors de 36 mois) en menaçant de ne plus sortir ses films en salles en 2022. Mais la firme a toujours une dent contre ce dispositif, et pourrait cette fois-ci chasser sur les terres de Canal+.
Car entre Disney et le groupe détenu par Vincent Bolloré, l'ambiance n'est plus vraiment à la fête. Disney+ va quitter le catalogue dès le 31 décembre, tout comme les chaînes Disney, dont Disney Channel, qui s'arrêtera officiellement en France. C'est aussi la fin d'un partenariat de longue date entre les deux entités, puisque Canal+ bénéficiait d'une fenêtre de six mois pour la diffusion des films du studio américain - Vice-Versa 2 sera ainsi le dernier à être proposé, et ce, dès le 27 décembre, sur MyCanal.
Las, Disney a été trop gourmand aux yeux de Canal+. Mais sans doute aussi que le géant américain, qui détient les studios Marvel et Pixar, en plus de juteuses franchises, n'a pas vraiment souhaité négocier.
D'une part, Disney doit faire face à un ralenti des nouveaux abonnés à Disney+, qui semble faire face à un véritable plafond de verre. En poussant les anciens abonnés de Canal+ à passer en direct, elle assure à sa plateforme de meilleurs revenus - à condition qu'ils y aillent, ce qui est loin d'être une évidence.
D'autre part, selon les informations des Echos, Disney pourrait surtout défier Canal+ sur son propre terrain, en augmentant significativement son financement au cinéma français. Cela lui permettrait de pouvoir abaisser d'un ou plusieurs crans les délais de diffusion entre la salle et sa plateforme de SVOD.
Netflix pour jouer les trouble-fête
Disney serait ainsi prêt à dépenser 55 millions d'euros par an - contre 13 millions en 2024 - à condition que les modalités de la chronologie des médias changent. Et ça tombe bien: l'accord actuel prend fin en février 2025.
La conséquence pourrait être à trouver du côté de Canal+, qui finance à hauteur de 210 millions d'euros le cinéma, et qui pourrait baisser sa contribution d'environ 80 millions d'euros. Canal+ cherche logiquement à faire pression, mais le cinéma, composé des auteurs, producteurs et exploitants de salles, pourrait voir un moyen de réduire leur dépendance à Canal+ en faisant confiance à Disney.
La bataille ne fait donc que commencer, d'autant que les négociations autour de la chronologie des médias, n'ont pas encore démarré. A ce petit jeu, Netflix pourrait venir jouer les trouble-fête. Dans une interview accordée au podcast de BFMTV, La Saga Netflix, Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, porte-parole de Netflix en France, expliquait que "quinze mois, c'est beaucoup trop long."
C'est d'ailleurs pour cette raison que contrairement à Disney, et même si elle contribue davantage au cinéma que d'autres plateformes de SVOD, Netflix privilégie ses services pour sortir ses films.