Londres défie Washington en autorisant Huawei à participer à son réseau 5G

Londres ne devrait autoriser un accès limité à Huawei qui ne sera pas impliqué dans le coeur du réseau - Arne Dedert / dpa / AFP
Après un pas en avant et un en arrière, Huawei pourrai finalement participer au réseau 5G britannique, mais sous conditions. Selon le Daily Telegraph, Theresa May limite sa participation en exigeant que le groupe chinois soupçonné d'espionnage se limite aux infrastructures peu sensibles, comme les antennes, sans s'impliquer dans le coeur du réseau. Cette décision a été prise lors d'une réunion mardi du Conseil de sécurité nationale (National Security Council, NSC), composé de ministres et de hauts responsables de la sécurité et présidé par Theresa May.
Downing Street a refusé de confirmer l'information. "Nous ne commentons pas les discussions du NSC", s'est contenté de déclarer un porte-parole. De son côté, le ministère du Numérique a rappelé qu'une étude du gouvernement était en cours sur le réseau télécoms britannique et que les conclusions, qui sont attendues pour le printemps, seront "publiées en temps voulu".
Plusieurs autorités et responsables politiques britanniques avaient pointé les risques associés à Huawei, le ministre de la Défense Gavin Williamson ayant exprimé en décembre sa très "vive inquiétude" quant à la participation du chinois à la 5G britannique. Le service de renseignement britannique pour la cybersécurité (NCSC) avait lui récemment estimé que les risques posés par Huawei étaient "gérables", selon la presse.
L'Anssi veut dépassionner le débat
Cette décision de Londres aurait de quoi irriter les Etats-Unis qui ont exclu Huawei du déploiement de la 5G sur leur sol et tentent de convaincre leurs alliés occidentaux d'en faire autant. Les Américains ont exclu Huawei du déploiement de la 5G sur leur sol et interdit aux administrations l'achat de ses produits et services. Ils tentent, depuis, de convaincre leurs alliés occidentaux d'en faire autant.
En France, le débat se poursuit. L'Assemblée nationale a adopté début avril une proposition de loi afin de prévenir tentative d'espionnage et sabotage de la prochaine génération mobile 5G. Le texte, qui ne mentionne pas la société chinoise, a été approuvé en première lecture par 69 voix et une abstention. Il doit maintenant faire l'objet d'un examen au Sénat.
Le texte prévoit que, préalablement à toute activité d'exploitation de certains équipements radioélectriques, les opérateurs devront adresser une demande d'autorisation au Premier ministre, qui se prononcera dans les deux mois après un avis de l'Autorité nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d'information (Anssi). Selon Guillaume Poupard, directeur de l'Anssi, il faut "dépassionné" le débat et cesser de se positionner "pour ou contre" Huawei. "La 5G est une infrastructure critique à prendre très au sérieux. Ce que l'on veut, c'est la sécurité et l'efficacité", nous a expliqué Guillaume Poupard.
la chine ouvre une enquête sur ericsson
Le géant suédois des équipements télécoms Ericsson a dévoilé qu'il faisait l'objet d'une enquête des autorités chinoises sur ses licences, à l'heure où les principaux pays s'apprêtent à déployer la 5G sur leur territoire. L'Administration chinoise d'Etat pour la supervision du marché (SAMR) enquête sur l'entreprise en raison de plaintes en Chine visant ses licences de droits de propriété intellectuelle, a déclaré à l'AFP un porte-parole du groupe scandinave. Ericsson, qui vient de participer au lancement du réseau 5G en Corée du Sud, réalise environ 7% de son chiffre d'affaires dans le pays asiatique, selon son rapport annuel 2018.