Lâché par Elon Musk, Twitter un peu plus affaibli après 3 mois d’un feuilleton à rebondissements

Depuis l'annonce du rachat -finalement avorté- de Twitter par Elon Musk, le réseau social a connu des turbulences en interne et a vu son titre dégringoler en Bourse.

C'est la fin d'une tragi-comédie qui aura duré trois mois. Invoquant des informations "fausses et trompeuses", Elon Musk a annoncé vendredi qu'il mettait fin à l'accord passé avec le conseil d'administration de Twitter pour racheter le réseau social.

Pour justifier ce revirement, les avocats du patron de Tesla et SpaceX assurent que Twitter n'a pas respecté ses engagements en ne donnant pas toutes les informations demandées sur le nombre de faux comptes et spams. Dans la foulée, le président du réseau social, Bret Taylor, a annoncé une action judiciaire contre Elon Musk pour "faire respecter l'accord" de rachat.

Quoi qu'il advienne, Twitter ressort aujourd'hui affaibli de ce feuilleton de trois mois. "Twitter est en moins bon état que quand tout a commencé" en avril, affirme l'analyse Caroline Milanesi auprès de l'AFP.

Réorganisation des effectifs, dégringolade en Bourse...

L'annonce du rachat de Twitter par Elon Musk a semé le trouble au sein des effectifs du réseau social ces derniers mois. Certains employés n'ont pas hésité a exprimer publiquement leur préoccupation quant au projet de l'excentrique homme d'affaires, favorable à une moindre modération des contenus et aux retours sur la plateforme de personnalités exclues pour avoir enfreint les règles.

Sur Twitter, où il est suivi par 100 millions de personnes, le bouillant entrepreneur a également multiplié les critiques et attaques contre le réseau social, allant jusqu'à se moquer publiquement de cadres de l'entreprise -dont plusieurs ont claqué la porte- et à adresser un émoji en forme de crotte au patron de la plateforme, Parag Agrawal, lors d'échanges au sujet des spams. Ce dernier n'a quant à lui cessé de remanier ses équipes ces dernières semaines. En mai, il a créé la stupeur en interne en annonçant le gel des embauches et le licenciement de deux dirigeants, Kayvon Beykpour, directeur produit, et Bruce Flack, directeur de la monétisation, pourtant promus en décembre 2021.

Les temps sont aussi difficiles pour Twitter à Wall Street. Après l'annonce du retrait d'Elon Musk, le titre du groupe perdait vendredi 7% dans les transactions après-Bourse. Pire, l'action a perdu plus d'un quart de sa valeur depuis que le conseil d'administration a accepté fin avril de passer un accord avec le patron de Tesla. Aujourd'hui, la valeur boursière de Twitter est inférieure à son cours d'introduction en 2013, comme le rappelle Le Monde , évoquant un "immense gâchis".

Vers une vente forcée?

Désormais, l'affaire se réglera devant la justice: "C'est un scénario désastreux pour Twitter et son conseil d'administration, car l'entreprise va maintenant devoir affronter Musk dans une longue bataille judiciaire pour sauver la transaction et/ou récupérer au moins un milliard de dollars" au titre d'une indemnité de rupture, a réagi l'analyste Dan Ives.

Mais les tribunaux pourraient aussi forcer la vente, comme le souhaite le conseil d'administration de Twitter qui s'est dit "déterminé à conclure la transaction au prix et aux termes convenus avec M.Musk". Un scénario pas vraiment idéal, selon Carolina Milanesi:

"Des cadres sont partis, rien n'a avancé... Mais le pire serait que Twitter force l'acquisition à avoir lieu. Ils se retrouveraient avec un propriétaire qui ne veut pas de l'entreprise, et plein de ressentiment."

Paul Louis avec AFP