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La Chine met en garde l'Europe contre la stigmatisation de Huawei

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L'envoyé de Pékin auprès de l'UE s'est emporté contre la "discrimination" que subirait Huawei concernant des projets mobiles 5G en Europe. Il avertit que cela pourrait avoir de "lourdes conséquences", lors d'un entretien au quotidien britannique Financial Times.

L'ambassadeur auprès de l'UE, Zhang Ming, a prévenu que toute tentative visant à réduire la participation de la technologie chinoise aux futurs projets européens pour les réseaux mobiles 5G haut débit aurait de "lourdes conséquences" sur la coopération économique et scientifique mondiale.

"Aujourd'hui, on ne ménage aucun effort pour inventer une histoire de sécurité sur Huawei ", a estimé le haut responsable chinois. "Je ne pense pas que cette histoire ait quoi que ce soit à voir avec la sécurité", a-t-il ajouté dans un entretien au quotidien britannique économique Financial Times.

De même, lors du sommet de Davos qui tenu la semaine dernière, cet envoyé de la Chine auprès de l'UE avait déjà déclaré que le géant chinois des télécoms pourrait se retirer de partenariats dans certains pays, sans plus de précision. 

Les critiques de l'ambassadeur surviennent après des déclarations similaires vendredi 25 janvier, du ministres chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui a qualifié la campagne orchestrée contre Huawei d'"injuste et immorale".

Les opérateurs BT et Vodafone ont pris des mesures contre Huawei

La cinquième génération des technologies mobiles, ou "5G", accompagnera à partir de 2020 l'essor des voitures autonomes et autres objets connectés, alors que selon les spécialistes, le géant chinois des télécoms est jugé plus performant et plus innovant que ses concurrents sur cette technologie. Or, ses équipements pour réseaux d'opérateurs mobiles sont soupçonnés de pouvoir permettre aux renseignements chinois d'espionner les communications des pays qui utiliseraient ses services.

En Europe, le gouvernement britannique a déjà exprimé sa "vive inquiétude" sur le sujet, alors que l'opérateur historique BT a décidé de couper les ponts avec l'équipementier chinois. L'opérateur international Vodafone a de son côté déclaré vouloir faire "une pause" dans le déploiement des équipements de Huawei au coeur de ses réseaux mobiles jusqu'à ce que soient levées les inquiétudes sur la sécurité des matériels télécoms du groupe chinois.

La France étend ses contrôles aux antennes-relais 5G

Mercredi dernier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait aussi évoqué des "risques" concernant la place du chinois Huwaei dans le déploiement de la 5G. En fin de semaine dernière, on a appris que le gouvernement allait déposer un amendement du projet de loi Pacte visant à étendre les contrôles formels aux équipements installés en périphérique de l'infrastructure des futurs réseaux 5G, telles les antennes-relais et leur équipements et plus seulement aux matériels situés au coeur des réseaux.

Dans un entretien à l'agence de presse Bloomberg vendredi 25 janvier 2018, le commissaire européen chargé du Marché numérique unique, Andrus Ansip, a de son côté mis en garde les 28 de l'UE contre les risques d'un partenariat avec des compagnies chinoises comme Huawei. Il s'est dit particulièrement inquiet d'une loi sur le renseignement national adoptée en Chine en 2017, qui obligerait les entreprises et les particuliers à aider activement les agences d'espionnages chinoises dans leurs enquêtes. "Quand c'est écrit dans la loi, nous devons comprendre que ces risques sont plus élevés. Nous ne pouvons plus être naïfs ", a déclaré Andrus Ansip à Bloomberg.

Frédéric Bergé avec AFP