"Tombé dans la psychose de l'IA": le Premier ministre suédois critiqué pour avoir utilisé ChatGPT

Une petite phrase qui fait grand bruit. Dans un entretien accordé au journal Dagns Industri le 3 août dernier, Ulf Kristersson, Premier ministre suédois, a confié ne pas hésiter à se servir de l'intelligence artificielle dans le cadre de ses fonctions.
"Je l’utilise moi-même assez souvent. Ne serait-ce que pour obtenir un deuxième avis (sur un sujet, NDLR)", explique-t-il au journal. "Qu'ont fait les autres? Doit-on penser le contraire? C'est pour ce type de questions."
Le Premier ministre admet utiliser différents assistants, et notamment ChatGPT et Le Chat. Il ne serait d'ailleurs pas le seul. Selon le dirigeant, les experts politiques et conseillers qui l’entourent utilisent également cette technologie dans leur travail. "Mais nous avons besoin de modèles linguistiques qui s’inspirent davantage des expériences suédoises. Ça, c’est quelque chose qui me manque", ajoute-t-il.
"Une pente glissante"
Rapidement, ces propos ont suscité l'indignation chez une partie de l'opinion publique, et notamment dans la presse locale, observe The Guardian. Dans son éditorial, le journal Aftonbladet a accusé Ulf Kristersson de "tomber dans la psychose de l’intelligence artificielle des oligarques". C'est également le cas de Simone Fischer-Hübner, chercheuse en informatique à l’université de Karlstad. "Il faut être très prudent", a-t-elle déclaré, mettant en garde contre l’utilisation imprudente de l'IA pour traiter des informations sensibles, comme en politique.
De son côté, Virginia Dignum, professeure d’intelligence artificielle responsable à l’Université d’Umeå, rappelle que l'IA n'est pas capable de donner une opinion pertinente sur les idées politiques. Elle ne fait que refléter les points de vue de ceux qui l’ont construite.
"Plus il s'appuie sur l'IA pour des choses simples, plus le risque d'un excès de confiance dans le système est grand. C'est une pente glissante", insiste-t-elle auprès du journal Dagens Nyheter. "Nous devons exiger que la fiabilité soit garantie. Nous n'avons pas voté pour ChatGPT", martèle la professeure.
De son côté, le porte-parole du Premier ministre suédois se veut rassurant. "Bien entendu, il ne s'agit pas d'informations sensibles en matière de sécurité qui terminent là (dans les outils d'IA, NDLR). Elles sont plutôt utilisées comme une estimation", assure-t-il.