Plus de 1,2 million de signatures: une pétition veut forcer les éditeurs à rendre les jeux vidéo éternels

L’Europe peut-elle imposer aux éditeurs de jeux vidéo de proposer ad vitam æternam leurs titres "dans un état fonctionnel"? C’est la question portée par la pétition "Stop Destroying Videogames"qui cherche à faire changer la législation européenne.
Pour ses partisans, l’idée est de permettre aux utilisateurs de conserver un accès à tous leurs jeux vidéo, notamment ceux qui utilisent la connexion en ligne obligatoire. Si jamais l’éditeur coupe les serveurs, le jeu n’est alors plus jouable et la boîte ou l’achat du joueur ne vaut plus rien.
Le précédent The Crew chez Ubisoft
La pétition a été lancée fin juillet 2024, après l’annonce par Ubisoft de la fin des serveurs de The Crew, lancé en 2010. Depuis, le jeu n’est plus jouable, entraînant une gronde des joueurs, si bien que le mouvement a réuni à ce jour 1,2 million de signatures.
Pour que le texte soit débattu dans les six mois, les signatures doivent provenir d’au moins sept pays de l’Union européenne. Afin de sécuriser sa base, la pétition espère encore 200.000 signataires. L’initiative citoyenne européenne semble en tout cas profiter d’une popularité certaine, d’autant que le sujet n’est pas nouveau.
Chaque année, ce sont des dizaines de jeux qui deviennent injouables en raison de la coupure de leurs serveurs - qui empêchent donc l’authentification et l’accès. Et ce, malgré le fait qu’il puisse s’agir d’un jeu entièrement jouable seul. Electronic Arts a ainsi annoncé la fin des serveurs d'Anthem pour la mi-janvier 2026, un projet signé Bioware qui n’a pas rencontré son public, après six ans d’exploitation.

"Empêcher le blocage à distance des jeux"
Certains éditeurs cherchent après coup à rendre leur jeu jouable en dehors de toute connexion à internet via des patchs, mais la pratique reste rare: "(Cette pétition) ne vise pas à acquérir la propriété de ces jeux vidéo, de droits intellectuels associés ou des droits de monétisation, pas plus qu’elle ne s’attend à ce que l’éditeur consacre des ressources aux jeux vidéo qu’il aura abandonnés tout en les laissant dans un état raisonnablement fonctionnel," précisent les créateurs du projet.
Pour eux, il s’agit surtout "d’empêcher le blocage à distance des jeux vidéo par les éditeurs et à fournir ensuite des moyens raisonnables de faire en sorte que ces jeux continuent de fonctionner sans la participation de l’éditeur."
L’inquiétude est légitime: dans ses conditions générales d'utilisation (qui datent de janvier 2023), Ubisoft a été pris la main dans le sac. L’éditeur français explique ainsi que dans le cas où il cesse de "proposer le produit et/ou d’en assurer l’assistance", l’utilisateur doit "immédiatement désinstaller le produit et détruire toutes les copies de celui-ci." Une méthode extrême, alors qu’aucun remboursement n’est prévu pour les joueurs.
Mais comme le précise le compte X Does it play?, consacré à la préservation du jeu vidéo, Ubisoft n’est pas le seul à posséder des CGU de cet ordre: Rockstar Games, Sega ou encore Electronic Arts font de même.