Nintendo poursuit Genki, l’accessoiriste qui avait montré une Switch 2 imprimée en 3D

Ils tremblent visiblement moins que lors de notre rencontre au salon CES de Las Vegas (Nevada) en janvier dernier. Peut-être sont-ils mieux préparés à affronter l'ogre japonais désormais. Car, les choses ont pris une tournure beaucoup plus sérieuse pour Genki, l’accessoiriste américain qui s’était targué d’avoir un "mockup" (une modélisation d’un produit non fonctionnelle) de la console Switch 2. Après une timide réaction en début d'année, Nintendo s'est décidé à passer à l’offensive et les poursuit en justice.
Il aura fallu quatre mois au fabricant japonais pour se décider à lancer une procédure, mais c'est désormais chose faite, rapporte le site VideoGamesChronicle. En janvier dernier, plusieurs médias dont Tech&Co avait pu prendre en main des accessoires conçus pour la future console. Genki présentait même une version imprimée en 3D qui lui servait de support de présentation et de modèle pour concevoir ses produits. Si l’origine des mesures prises — véritable Switch 2 obtenue avant l’heure ou modélisation faite d’après les rumeurs — restait floue, le tout pouvait paraître véritable à première vue.
"Je suis un peu effrayé"
De quoi déclencher un raz de marée médiatique et de voir tous les regards se tourner vers le plus grand salon tech au monde, ceux des fans surtout désireux d’en savoir un peu plus sur le très attendu précieux pour beaucoup. De quoi faire aussi très peur à la toute petite entreprise rencontrée (4 salariés à l’époque) dépassée par l’engouement suscité.
"Je suis un peu effrayé", avait alors confié à Tech&Co le fondateur de Genki face à l’emballement. N’étant pas accessoiriste officiel de Nintendo ni lié par aucun engagement, il confiait n’avoir de fait pas cassé d’embargo ni dévoilé de secrets de fabrication. "Ils (Nintendo, NDLR) ont pris ça en main. J’espère que cela va bien se passer", glissait-il, néanmoins inquiet que le moindre interlocuteur venu à sa rencontre soit un potentiel émissaire de Nintendo.

Lorsque nous avions vu le mockup et écouté les explications de Genki, il nous avait semblé assez évident que le tout était basé sur les rumeurs (bien fondées) circulant autour du design de la Switch 2, mais nullement d’une reproduction fidèle. Même si les accessoires (manettes, station de recharge, support…) présentés paraissaient correspondre parfaitement aux spécificités de la console.
Nintendo aura su prendre son temps, comme avec Pocketpair pour Palworld, pour peaufiner sa plainte. C’est désormais Human Things, la maison-mère de Genki, qui est poursuivie en justice en Californie par Nintendo pour atteinte à la marque, soit contrefaçon, concurrence déloyale et publicité mensongère.
Des récriminations à gogo
Big N insiste ainsi sur de multiples "actes répréhensibles" commis par Genki qui avait annoncé dès fin 2024 travailler sur des accessoires estampillés "Switch 2" dans un message posté sur X avant de se présenter au CES comme "fabricant d’accessoires pour Switch 2 heureux de discuter de toute info sur la console". Les déclarations du PDG de Genki auprès de journalistes comme quoi il avait eu accès à une "Switch 2 authentique" et qu’il "confirmait des designs et fonctionnalités spécifiques hautement confidentiels", la présentation d’une vidéo de rendu avec des logos officiels faisant croire que les accessoires étaient basés sur la véritable Switch 2 alors non présentée, font aussi partie des récriminations.

Sur la liste des critiques formulées par Nintendo, on trouve aussi un tweet d’Edward Tsai, PDG de Genki, dans lequel il écrit "Les ninjas de Genki infiltrent le QG de Nintendo à Tokyo", comme pour faire croire qu’ils avaient un lien avec Nintendo.
Mais Genki a rapidement réagi sur X et déclaré prendre l’affaire "très au sérieux" avec ses conseillers juridiques pour apporter "une réponse réfléchie".
"Genki a toujours été une compagnie indépendante concentrée sur la création d’accessoires de jeu innovants pour la communauté que nous aimons. Nous sommes fiers du travail accompli et garantissons la qualité et l’originalité de nos produits."
Preuve que l'inquiétude, sans avoir disparu, est mieux gérée par l'entreprise, elle entend honorer les commandes passées et va présenter ses nouveautés à Pax East qui se tient cette semaine.
Nintendo réclame que Genki détruise tous les produits liés à la Nintendo Switch et à la Nintendo Switch 2, et cesse d’utiliser les marques déposées de Nintendo. L’entreprise réclame aussi à récupérer des dommages et intérêts "triplés" pour le préjudice subi. Human Things a 30 jours pour faire appel