Le couple Zelensky s'est-il vraiment offert une Bugatti Tourbillon à 4,5 millions d'euros?

La rumeur agite la toile. Olena Zelenska, la femme du président ukrainien Volodymyr Zelensky, aurait acheté une Bugatti Tourbillon, facturée à plus de 4,5 millions d'euros. Depuis 24 heures, de nombreuses publications, largement relayées, circulent à ce sujet sur X, ex-Twitter.
"Pendant que les Ukrainiens crèvent dans une guerre absurde, Olena Zelenska s'achète une Bugatti Tourbillon à 4,5 millions d'euros lors d'un séjour à Paris. Le contraste entre leur luxe et la misère de l'Ukraine est révoltant", peut-on lire sur X dans un message visionné près de 600.000 fois.

Le bolide, disponible en seulement 250 exemplaires en France aurait ainsi été acheté "avec l'argent de l'Union européenne" et des "contribuables", selon une autre publication qui cumule plus de 4,4 millions de vues.
Des fausses informations démenties
Pour étayer leurs propos, les internautes mettent en avant des faux articles - notamment sur des sites générés par intelligence artificielle - mais pointent du doigt surtout la vidéo d'un homme qui se présente comme un salarié de la concession automobile Bugatti Paris.
"Je suis heureux de vous annoncer que la première propriétaire de la Bugatti Tourbillon sera l'épouse du Président de l'Ukraine, Olena Zelenska", explique-t-il. "Mme Zelenska a fait une précommande et sera la propriétaire de la première des 250 voitures."
Le prétendu commercial a également publié une facture de la voiture ultra-luxueuse, au nom d'Olena Zelenska, en date du 7 juin. Il s'agit pourtant d'une rumeur totalement infondée. En effet, ces contenus sont en majorité des montages ou des deepfakes, ces images, sons ou vidéos manipulés à l'aide de l'intelligence artificielle (IA).
Moins de 24 heures après la diffusion de la fake news, la concession Bugatti de Paris, exploitée par le groupe Car Lovers, a rapidement réagi en publiant un communiqué de presse sur Instagram.
"Le groupe Car Lovers dément fermement à la fois l'existence de cette transaction, et partant, l'existence de cette facture", peut-on lire dans le communiqué de presse. "Le groupe dénonce avec force cette campagne de désinformation."
Une facture aux nombreuses incohérences
En effet, plusieurs éléments interpellent car la prétendue facture comporte de nombreuses incohérences. Le document est par exemple incomplet: ni les mentions légales, ni la devise dans laquelle la transaction effectuée ne figurent sur la facture. L'adresse est également erronée puisque la ville de "Neuilly-sur-Seine" mentionnée est rédigée avec un seul "l".
De son côté, la concession Bugatti de Paris précise dans le communiqué que "le prix du véhicule est erroné, le prix des options et leurs descriptions sont inexacts et incohérents, la charte graphique est désuète, et le Groupe Car Lovers n’aurait jamais permis l’édition d’un tel document".
En effet, le document est en réalité un photomontage qui provient d'un faux compte Instagram baptisé @jacques_bertin_ls. Le profil, suivi par plus de 5.000 personnes, est évidemment en privé. Dans sa biographie, Jacques Bertin semble se revendiquer du groupe Schumacher, propriétaire de Car Lovers.

Une vidéo deepfake
En photo de profil, on peut d'ailleurs reconnaître le prétendu employé de Car Lovers qui annonce l'achat de la Bugatti par Olena Zelenska en vidéo. Il s'agit en réalité d'un deepfake, réalisé grâce à une intelligence artificielle (IA).
Une rapide recherche sur l'outil Pimeyes, un moteur de recherche qui permet de faire de la reconnaissance faciale, permet de se rendre compte que le prétendu employé possède le visage d'un homme... disponible dans une large base de données. Il n'est donc en aucun cas employé par Car Lovers.

La tête de cet homme a probablement été placée numériquement sur la vidéo pour remplacer le visage d'origine. La vidéo est d'ailleurs de mauvaise qualité, ce qui permet de mieux fondre le visage dans la séquence d'origine et de rendre le montage plus réaliste.
Face à cette campagne de désinformation, l'enseigne Car Lovers a annoncé "saisir la justice" et "déposer une plainte pénale pour faux, usage de faux, usurpation d'identité et diffamation, notamment".