Plus de 60% des Français inquiets que les deepfakes puissent perturber l'élection présidentielle de 2027

À mesure que les outils d'intelligence artificielle évoluent, les deepfakes continuent d'essaimer la Toile et brouiller la frontière entre le vrai et le faux. C'est en tout cas ce que semble confirmer cette nouvelle enquête de l'IFOP commandée par le site Alucare.fr et menée auprès de 2000 internautes début mars. Et ces fausses images inquiètent les citoyens, notamment sur leurs capacités à perturber des élections.
Deux tiers des Français distinguent mal le vrai du faux
Seulement un tiers (33%) des Français se sent compétents pour détecter une image ou une vidéo générée par IA et seulement 6% d'entre eux sont confiants dans leur capacité de vérification. Cette confiance est bien plus exprimée chez les 18-24 ans (55%) que chez les plus de 35 ans (28%) et les plus de 65 ans (12%). Autre précision: cette confiance dans l'observation est bien plus forte chez les hommes (40%) que chez les femmes (28%).
Lors de l'enquête, les participants devaient déterminer lesquelles des 5 photos présentées étaient générées par IA. Ce qu'ils ne savaient pas toutefois, c'est qu'aucune de ces images n'était réelle. Ainsi, un faux portrait de médecin a réussi à tromper les trois quarts du panel ; et deux tiers (64%) pour une vieille photo d'un homme à cheval. Au total, sur les 5 fausses images soumises, 94% des répondants sont tombés au moins une fois dans le panneau.

Face au réalisme toujours plus bluffant des deepfakes, les internautes s'en remettent à certains indices pour détecter une fausse vidéo comme le mouvement non naturel des lèvres (59%) ou un clignement des yeux assez rare (33%). Sur les images, les yeux se rivent a priori sur des mains mal générées (32%), une peau ridée ou trop plate (29%) ou encore des reflets suspects sur des lunettes (25%).
Tout cela se joue à des détails difficilement perceptibles et l'écrasante majorité des Français (90%) se disent favorables à l'inscription d'une mention "générée artificiellement" pour mieux identifier les deepfakes.
Une acceptation morale ambivalente des deepfakes
Près de 7 Français sur 10 ont déjà entendu parler des deepfakes mais seulement un tiers d'entre eux comprennent de quoi il s'agit. Les enquêteurs ont présenté les différentes utilisations de l'IA générative et aucune d'entre elles n'a été jugée moralement acceptable par la majorité - à l'exception des contenus "artistiques" (42%) et la retouche de photos à l'aide de filtres (32%).

En revanche, 30% des personnes interrogées ont déclaré être d'accord pour que l'IA serve à surveiller des actes de rébellion ou de dissidence de citoyens. Une surveillance soutenue à la fois par un bon tiers des moins de 35 ans (34%) et des plus de 35 ans (29%). Autre point surprenant: les moins de 35 ans sont 17% à ne pas être choqués par l'utilisation de l'IA pour déshabiller des personnes (26% pour les hommes à cet âge). De manière générale, ce chiffre descend à 9% et à 6% chez les générations au-delà de 35 ans. Enfin, les femmes sont 4% à juger ces pratiques moralement acceptables, contre 13% chez les hommes.
Des craintes grandissantes
On y apprend également que plus de la moitié des sondés (57%) ont peur de devenir victimes de deepfakes et que 4% d'entre eux l'ont déjà été. Un chiffre qui atteint les 13% chez les moins de 25 ans. Les jeunes, plus exposés, sont logiquement les plus inquiets avec 64% des 18-24 ans mais 56% des tranches d'âge au-delà de 25 ans est aussi concerné.
En parallèle, plus de 6 Français sur 10 (62%) se disent inquiets que des deepfakes puissent perturber l'élection présidentielle en 2027, dont 16% qui assurent en avoir très peur. Mais ces craintes sont marquées par des disparités selon l'âge: moins de la moitié (49%) des moins des 25 ans en ont peur alors que 70% des plus de 65 ans le redoutent.
Ces deepfakes font donc partie des préoccupations des Français mais aussi des politiques. Ce mardi, le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN) va être étudié conjointement par l'Assemblée nationale et le Sénat et devrait comprendre des mesures pour lutter contre la prolifération des deepfakes malveillants. Deux dispositions prévoient des sanctions dans le cadre de diffusion sans consentement de deepfakes, notamment à caractère sexuel.