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L'E3, le salon historique du jeu vidéo, revient... sous une autre forme

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L’ESA, ex-organisateur de l’E3, le plus grand salon jeux vidéo, a annoncé la tenue de l’Iicon en avril 2026 à Las Vegas.

Geoff Keighley pensait s’être débarrassé de toute concurrence. Elle va peut-être refaire surface, portée par son meilleur ennemi. Jeudi, l’ESA (Entertainment Software Association) a annoncé le lancement de l’Iicon (Interactive Innovation Conférence) du 27 au 30 avril 2026 à Las Vegas (Nevada).

Ancien organisateur du salon E3 de Los Angeles, définitivement annulé l’an dernier après près de 30 ans d’existence, l’ESA revient ainsi sur le devant de la scène abandonné à l'ex-journaliste Geoff Keighley et ses divers événements jeux vidéo (Summer Game Fest, Opening Night Live, Game Awards). L’association regroupant les acteurs du divertissement américain va cependant prendre une toute autre direction.

Un rendez-vous pour "les visionnaires"

Fini a priori les stands gigantesques des exposants, les conférences rutilantes et les échanges entre professionnels du secteur. L’Iicon se veut davantage tourné vers l’innovation en réunissant les "visionnaires" de l’industrie du jeu vidéo, les leaders d’opinion et autres novateurs pouvant trouver des connexions avec le secteur et aider à "exploiter la puissance du divertissement interactif". Ce rendez-vous voulu "le premier en son genre" proposera des keynotes, des ateliers, des sessions de rencontre et des opportunités de connexion.

Alors que l’E3 avait ouvert ses portes aux joueurs et grand public sur ses dernières années, l’Iicon renoue avec les origines en étant uniquement dédié aux professionnels, à la manière de la GDC, la grande conférence des développeurs de jeu vidéo qui se tient en mars à San Francisco. Et les premiers noms des participants annoncés par l’ESA montrent un certain enthousiasme de l’industrie (PlayStation, Nintendo, Microsoft, Ubisoft, Electronic Arts, Square Enix, Take Two, Disney, Warner Bros, Amazon Games).

Car l’Iicon veut être un carrefour de rencontre pour tous ceux qui font l’innovation, du jeu vidéo au cinéma, en passant par la télévision et la musique, "aussi bien que le sport, la santé, l’éducation, la finance et bien plus encore", écrit l’ESA dans son communiqué.

"Durant des décennies, le jeu vidéo a été à la pointe de l’innovation culturelle et technologique", explique Stanley Pierre-Louis, président de l’ESA. "Avec L’Iicon, nous créons un espace pour les visionnaires de toutes les industries qui veulent travailler ensemble, se rencontrer et réimaginer ce qui est possible avec le divertissement interactif".

Au Summer Game Fest les joueurs, à l’Iicon les décideurs

L’ancien ténor mondial du secteur, jadis capable de faire la pluie et le beau temps, revient ainsi dans le jeu (vidéo). Mais de manière assez maligne, il ne se dresse pas frontalement face au "patron" actuel qui a su rallier à sa cause les éditeurs et principaux développeurs, faute de véritable concurrence. Si Geoff Keighley a eu la peau de l’E3 et reste ainsi le maître des horloges juin venu, l’ESA se positionne assez intelligemment en amont des annonces estivales, avec une proposition différente.

Probablement pas de conférence à rallonge en ligne en vue, de bandes-annonces et World Premieres à gogo ni prise en main de nouveautés pour la presse. L’ESA viendrait presque se positionner au-dessus de la mêlée, comme pour retrouver son prestige d’antan et son rôle de faiseur de roi. C’est ici, dans les allées du gigantesque Fontainebleau Resort de Las Vegas, que le futur du jeu vidéo veut se dessiner et se discuter, entre professionnels.

Keighley garde les consommateurs assoiffés d’images et de trailers, mais pourrait voir les annonces de première importance lui filer sous le nez. Il n’a d’ailleurs pas encore annoncé la date de son événement de juin ni confirmé son organisation, même si celle-ci fait peu de doutes.

A voir comment l’ESA va gérer ce grand retour dont l’industrie a aussi besoin pour ne pas s’offrir qu’à un seul homme, faiseur de pluie et de beau temps parmi les jeux et les acteurs. Et de voir aussi si, avec le temps, ce n’est pas là un premier pas de l’organisation américaine pour reprendre progressivement son fauteuil et son statut d’incontournable en glissant tranquillement son événement vers l’été.

Melinda Davan-Soulas