Comment la série Baldur's Gate a révolutionné le jeu de rôle

Donjons et Dragons, c'est une institution. Le célèbre jeu de rôle (JDR) a connu son apogée dans les années 70 et 80. Le principe était simple: chacun incarne un personnage et imagine ce qu'il fait. Mais pour décider de la réussite ou de l'échec de son action, tout se réglait par un jet de dés.
Aujourd'hui, les salles dédiées à cette pratique dans les collèges et lycées ne sont plus aussi populaires que par le passé. Pourtant, le JDR papier continue de séduire. Récemment, au-delà du film adapté de la licence, c'est par la série Stranger Things ou par les parties retransmises en direct sur Twitch que le concept conquiert de nouveaux adeptes.
Une recette à succès
Mais la fin des années 90 et le début des années 2000 ont été marqués par une licence phare de jeux vidéo. En seulement deux opus, Baldur's Gate a su faire le grand écart: initier une nouvelle génération de joueurs et satisfaire les fans pour qui Donjons et Dragons n'avait plus de secret.
Ce jeudi 4 août, un troisième épisode de Baldur's Gate sort officiellement sur PC. Pour la version PS5, il faudra attendre le 6 septembre. Cette fois encore, la promesse est ambitieuse: décider du destin d'un personnage au gré de sa race, de sa réputation, de ses rencontres ou encore de ses choix. Mais cette fois dans un écrin remis au goût du jour.
Car aujourd'hui, force est de reconnaître que les premiers Baldur's Gate ont pris un coup de vieux. Mais ce constat ne fait que souligner qu'en janvier 2024, cela fera 25 ans que le titre est arrivé en Europe. Baldur's Gate 2: Shadows of Amn n'est pas beaucoup plus jeune puisqu'il est sorti en septembre 2000. Pourtant, tous les ingrédients de la recette à succès de la licence sont déjà là.

Si des jeux vidéo avaient déjà utilisé les règles Donjons et Dragons, Baldur's Gate est l'un des premiers à donner vie au JDR papier. Auparavant, les titres utilisant la licence officielle du jeu se contentent principalement de proposer une expérience numérique aux aventures physiques entre amis. Cette fois, il est possible de s'immerger dans l'univers décrit par les campagnes Donjons et Dragons et les romans qui en découlent.
Le sel de l'aventure
Ainsi, le joueur interagit au milieu des Royaumes oubliés selon les règles d'Advanced Dungeons & Dragons (les règles avancées de Donjons et Dragons). Les connaisseurs étaient donc en mesure de reconnaître les lieux visités ou les personnages croisés. C'est d'ailleurs cela qui poussait certains à parcourir chaque recoin des cartes. Profitant ainsi d'une liberté d'exploration plutôt rare à la fin des années 90.
Le scénario reprenait un schéma basique. Le héros, à personnaliser parmi plusieurs profils, suit les enseignements d'un mentor qui se fait rapidement tuer par un ennemi, qu'il faut ensuite pourchasser tout au long de son aventure. Mais comme dans toute partie de JDR: la destination importe peu, c'est le chemin qui fait le sel de l'aventure.

Baldur's Gate donnait la possibilité aux joueurs de recruter jusqu'à cinq compagnons. Tout l'enjeu était de constituer une équipe suffisamment équilibrée. Mais le jeu introduisait déjà des systèmes de réputation qui poussait certains coéquipiers à vous fuir en fonction des actions menées au cours du voyage.
Sur le plan technique, le jeu cassait les codes avec des environnements superbes pour l'époque, notamment grâce à la 2D isométrique, qui apportait une impression de profondeur aux décors. L'intégration d'un cycle jour/nuit influait directement sur les actions possibles.
Encore joués aujourd'hui
Aussi, Baldur's Gate pouvait compter sur un système de jeu dynamique. Le titre a oublié le traditionnel tour par tour qui était la norme pour les jeux du genre. Au lieu de choisir les mouvements des personnages les uns après les autres, tout se faisait en même temps, sous le principe de la pause active. Cette mécanique permettait d'introduire une touche de stratégie en arrêtant le temps pour planifier les attaques et déplacements à venir.

Surtout, la licence a pu compter sur de futurs experts du jeu de rôle côté développement. Les deux premiers opus ont été conçus par BioWare. Le studio donnera par la suite naissance à d'autres titres cultes de l'industrie vidéoludique. C'est à eux que l'on doit Star Wars: Knights of the Old Republic, la franchise Dragon Age ou encore la série - davantage tournée vers l'action - Mass Effect.
Ce n'est donc pas un hasard si encore environ un millier de personnes jouent aux deux premiers opus de la saga quotidiennement, selon les statistiques de SteamDB. Ce qui étonne en revanche, c'est que le deuxième volet soit moins populaire de nos jours alors qu'il proposait des avancées majeures sur le plan de l'accessibilité, en tentant de rendre la navigation entre les menus ou la gestion des actions plus fluides.
Ne reste plus qu'à découvrir ce que les Belges de Larian Studios ont concocté pour Baldur's Gate 3. Là encore, la licence est confiée à des spécialistes du jeu de rôle qui ont prouvé leur savoir-faire avec Divinity: Original Sin I et II. Preuve du soin porté pour transposer la licence dans l'ère moderne des jeux vidéo, les développeurs ont recueilli pendant près de trois ans les retours des joueurs avant de dévoiler la version finale du titre.