Z Event, GP Explorer: comment les streamers français parviennent à impressionner Twitch

Il est 17h00 ce samedi. EnjoyPhoenix peut savourer sa victoire. L’ancienne star de YouTube vient de remporter le quiz Who Knows dirigé de main de maître(sse) par LittleBigWhale, streameuse jeux vidéo et musique, l’une des stars françaises de Twitch avec ses 575.000 abonnés. Sur la scène de la TwitchCon Paris, on retrouve quelques figures emblématiques, d’AlphaCast à Tonton en passant par Jeel ou encore Zack Nani.
Un peu plus tôt, Ponce avait animé avec Rivenzi un concours de dessin mettant en scène les talents de Baghera Jones, Ultia ou encore Sakor. Et dimanche en clôture, Joueur du Grenier est venu ravir la foule avec un quiz dont il a le secret. A l'exception de stars de la plateforme comme Squeezie, Domingo ou encore Michou et Gotaga, les grands noms français se sont prêtés au jeu de la TwitchCon Paris.

“On en a vu au Glitch Theater (la scène des événements de la TwitchCon Paris, ndlr), des streamers qui ont l’habitude de travailler ensemble pour produire ce genre d’événements. C’est vraiment ça le talent à la française et ce qu’on apprécie chez Twitch”, explique à Tech&Co Rachel Delphin, directrice marketing monde, en charge de l’organisation de la TwitchCon.
Une communauté française "large et enthousiaste"
Après Berlin en 2019 et Amsterdam en 2022, Paris est devenue la troisième ville européenne à accueillir la convention Twitch, un événement lancé en 2015 en Californie pour réunir streamers et viewers.
“La France a une communauté vraiment large et enthousiaste. Nous choisissons aussi le lieu de la TwitchCon en fonction de l’engouement pour le service, de la qualité des streamers et du dynamisme global des communautés”, admet Rachel Delphin.
Au sein du service américain, on salue en tout cas le talent pour "collaborer entre streamers”. “A Amsterdam, on a vu qu’il y avait là-bas une culture du podcast, des talk-shows”, souligne-t-on du côté de Twitch. “En France, on voit qu’il y a un vrai talent pour la collaboration et cela prend forme dans les contenus proposés”.
Et ce qui voue aux streamers français l’admiration de la plateforme, c'est aussi la tenue d'événements comme le Z Event de ZeratoR ou le GP Explorer de Squeezie. “Ça existe aussi à l’étranger. Mais il n’y a pas cette grande régularité, ce degré d’exécution avec des événements d’une telle ampleur, très professionnels dans leur organisation. Ce n’est pas unique à la France, mais c’est sans commune mesure dans les autres pays”, confie Rachel Delphin.
Chez Twitch, on sait l’importance de l’événementialisation. Nul doute que voir des centaines de milliers, voire des millions de spectateurs assister à une réunion de streamers fait battre les cœurs californiens. “Ces grands événements attirent plus de créateurs de contenu et de spectateurs désireux de rejoindre la plateforme. Cela les amène à regarder en quelque sorte Twitch et à penser: “Oh, il y a beaucoup de public là-bas. Il y a des opportunités”. Je pense que c’est quelque chose d’unique”, renchérit-elle.
Une lutte permanente contre la toxicité
Qu’il est loin le temps où Ninja, star de Twitch passé ensuite chez feu Mixer, avait notamment invité les rappeurs Drake et Travis Scott pour jouer à Fortnite devant plus de 635.000 personnes connectées simultanément. Une peur alors du côté de Twitch de voir les serveurs s’effondrer avec l’afflux de personnes.
Dernièrement, Ibai a organisé une fois de plus son match de boxe pour sa 3e “Soirée de l’année”, rassemblant 3,4 millions de personnes. “C’est dingue quand on y réfléchit, le chemin parcouru depuis cinq ans. Je me doutais que ça allait devenir massif et que Twitch n’était alors qu’un géant encore endormi, et c’est en train d’arriver.
Mais la plateforme sait aussi l’importance d’avoir des outils pour garantir la sécurité et la paix sur la plateforme. “La réalité d’internet, c’est qu’il y aura toujours du travail à faire pour lutter contre la toxicité, pour certaines communautés plus que d’autres. Mais je pense que nous avons fait beaucoup de progrès, avec de nouveaux outils, de meilleures politiques, que nous avons rendues plus claires et plus restrictives aussi”, avance Rachel Delphin.
“Nous avons mis en place des garde-fous pour agir plus rapidement, et pas seulement contre le harcèlement, mais en prenant en considération tout ce qui peut être perturbant ou dommageable. Ce n’est jamais assez face à la motivation à nuire de certains, mais nous progressons vite" assure la plateforme, qui doit rassurer de nombreuses internautes qui font face à de nombreux messages misogynes sur Twitch, et dont la modération a souvent été critiquée.
Kick, le rival qui n'inquiète pas
Mais désormais, Twitch doit aussi faire face à une nouvelle concurrence. A commencer par Kick, le dernier venu, qui joue des muscles pour se faire une place, avec une proposition financière séduisante sur le papier, mais un modèle qui laisse encore perplexe.
“Beaucoup se laissent séduire par le message. Il y a de plus en plus de discussions sur le fait que certains partent et reçoivent un salaire énorme. Mais beaucoup sont conscients aussi de ce qu’ils ont actuellement, la communauté, les outils, la stabilité, la sécurité, de tout ce que nous faisons pour eux depuis si longtemps et que nous continuerons de faire.”
“Tant que nous restons concentrés sur notre mission, tant que nous pouvons servir cette communauté de la meilleure façon possible, alors nous continuerons à être le lieu privilégié du streaming en direct”, se veut rassurante la CMO de Twitch.
Chez Twitch, on ne veut pas s’inquiéter et on estime au contraire que l’arrivée en force de Kick “valide son espace d’expression” et “lui donne du poids”. “On parle d’argent comme pour des athlètes de haut niveau ou des stars de cinéma. Ça en dit long sur l’industrie d’une manière finalement assez positive”, se félicite-t-elle, sans peur de perdre trop d'unités au contingent. Pour le moment.