TwitchCon: comment Twitch tente de se sortir du sexisme

Que les créateurs soient issus de la communauté LGBTQIA+, d'une minorité, ou tout simplement des femmes, la TwitchCon prévoit une table ronde pour chacun d'entre eux. Le programme de la convention de la plateforme de diffusion en direct, qui se tient pour la première fois à Paris les 8 et 9 juillet, donne une large place à l'inclusivité.
Pourtant, Twitch est régulièrement pointé du doigt pour être un lieu où le sexisme s'exprime librement. Fin octobre 2022, Maghla, la streameuse la plus suivie de la plateforme, avait révélé l'enfer vécu par les créatrices de contenu: cyberharcèlement, montages photo et vidéo obscènes ou encore menaces de viol. Dans la foulée de cette première révélation, les langues s'étaient déliées. Beaucoup de créatrices avaient ainsi corroboré les faits dénoncés par Maghla.
Après cette prise de parole massive, il n'aura fallu qu'un mois à Twitch pour concocter un "mode bouclier". Dès le mois de décembre 2022, ce système de défense a été adopté par certains créateurs, notamment pour se prémunir d'un afflux massif de spectateurs lors d'un raid.
"Le mode bouclier permet de bloquer les interactions sur le chat et de le nettoyer si jamais des messages toxiques y sont laissés", précise la streameuse Chloé Boels.
Vérification des numéros ou des mails
Aussi, les créateurs de contenus peuvent s'échanger des listes de spectateurs bannis. Ainsi, une personne ayant eu un comportement déplacé sur une chaîne ayant entraîné un bannissement (une interdiction de voir ou d'utiliser le chat) peut automatiquement être exclue chez un autre streamer.
De plus en plus, les outils de sécurisation sont tournés vers le préventif. Auparavant, seule une liste préétablie de mots pouvait être renseignée pour empêcher les spectateurs de les utiliser dans un chat. Désormais, des pré-requis peuvent être définis.
"Il y a des options pour n'autoriser que les personnes ayant vérifié leur numéro de téléphone ou leur mail à parler dans le chat. Cela évite qu'une personne bannie recrée un compte pour revenir à la charge", détaille Chloé Boels.
Surtout, la streameuse peut compter sur une équipe de modération "au taquet". Les messages malveillants sont souvent retirés avant même qu'elle n'ait le temps de les lire. Mais par le passé, elle ne sait pas sentie particulièrement affectée par les vagues de haine qu'elle a subies.
Dépasser le syndrome de l'imposteur
"Vu que je m'occupe de Stream'Her, je pense que je prends plus de recul par rapport à ces choses-là. J'ai l'impression de ne jamais être réellement touchée par ça", explique-t-elle, auprès de Tech&Co.
L'association Stream'Her souhaite promouvoir les femmes dans le milieu du streaming en leur donnant les clés pour s'épanouir dans cette pratique. "L'objectif, c'est que les femmes qui regardent Twitch puissent se reconnaître sur la plateforme et se lancer à leur tour", indique la fondatrice de Stream'Her, qui souhaite dépasser le syndrome de l'imposteur ressenti par de nombreuses créatrices.
"On leur fait part de tous les outils à leur disposition et on montre en quoi ils peuvent être utiles, notamment pour être en sécurité sur internet", détaille Chloé Boels.
En finir avec le sentiment d'impunité
A travers des soirées de jeux, des événements - tels qu'un camp d'été sur la pratique du stream - ou des rencontres, Stream'Her fait vivre sa communauté réunissant plus de 1000 streameuses sur son serveur Discord.
Mais alors que des initiatives se lancent et que des outils se veulent sécurisants, qu'en est-il de la place des femmes sur la plateforme de diffusion en direct? "Parfois, j'ai l'impression que l'on fait un pas en avant et deux en arrière", regrette Chloé Boels, qui reconnaît néanmoins que "la prise de parole des grandes streameuses a permis au grand public de comprendre la réalité".
Selon elle, l'éducation reste une chose importante. "Surtout, il faudrait qu'il n'y ait plus un sentiment d'impunité. Les personnes doivent bien comprendre qu'il faut se comporter sur internet comme elles se comporteraient dans la vraie vie", conclut-elle.