Meta supprime un groupe Facebook, accusé de traquer les agents de l'ICE, à la demande du ministère de la Justice américain

Meta n'a pas vraiment eu le choix. Comme le rapporte The Verge, le groupe de Mark Zuckerberg a supprimé une page Facebook dédiée au suivi des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), le service de l'immigration et des douanes américaines, à Chicago.
L'annonce a été faite sur X, ex-Twitter, par la procureure Pam Bondi, mardi 14 octobre. Elle accuse le groupe d'avoir été utilisé pour traquer et cibler les agents de l'immigration. "A la suite d'une requête du ministère de la Justice, Facebook a supprimé une grande page de groupe qui était utilisée pour divulguer et cibler les agents ICE à Chicago", précise-t-elle.
La pression du ministère de la Justice
"La vague de violence contre l'ICE a été alimentée par des applications en ligne et des campagnes sur les réseaux sociaux conçues pour mettre les agents de l'ICE en danger simplement parce qu'ils font leur travail", poursuit la procureure.
Andy Stone, porte-parole de Meta, a confirmé dans un communiqué que le groupe, qu'il n'a pas identifié, "avait été supprimé pour violation de nos politiques contre les atteintes coordonnées".
Cette décision n'a rien d'un hasard. Le groupe de Mark Zuckerberg, qui tente comme d'autres géants de la tech de se rapprocher de Donald Trump, avait été contacté en ce sens par le ministère de la Justice. L'agence semble avoir commencé à s'intéresser au sujet après que Laura Loomber, une influenceuse d'extrême droite, ait publié un message concernant un groupe Facebook intitulé "ICE Sighting-Chicagoland" qui, selon elle, "fournit des informations sur la localisation des raids de l'ICE et des agents de l'ICE dans la région de Chicago".
Bien que le nom du groupe supprimé n'aie pas été confirmé, l'influenceuse a affirmé sur X qu'une source du ministère lui avait indiqué que l'agence avait vu sa publication et avait contacté Meta au sujet de ces pages.
Si la page est bel et bien introuvable sur Facebook, des dizaines d'autres groupes, certains comptant des milliers de membres, restaient visibles sur le réseau social mardi 14 octobre au soir, d'après AP News.
Plusieurs applications supprimées
Dotée de moyens sans précédent dans son histoire, la police de l'immigration américaine est devenue le bras armé de la politique d'ultra-fermeté de Donald Trump. Depuis quelques mois, les vidéos de bavures se multiplient. Face à certaines arrestations musclées et la mise en œuvre de technologies de surveillance invasives ciblant les migrants, plusieurs outils et groupes communautaires ont vu le jour pour alerter la population de la présence de l'ICE dans la région. Autant d'outils supprimés à la demande du gouvernement.
C'est le cas de "Eyes Up", une application qui archivait les vidéos sur les abus de l’agence ICE. La plateforme a été retirée par Apple et Google de leurs magasins d'applications, à la demande du gouvernement. "DeICER", une autre application dédiée à l’archivage des activités des forces de l’ordre affiliées à l’ICE, a également été retirée de l’App Store.
C'est également le cas d'ICEBlock, une application lancée en avril permettant à ses utilisateurs de signaler la présence d’équipes de l’ICE et d’échanger des informations de localisation en temps réel. Pam Bondi a affirmé que la plateforme était "conçue pour mettre en danger les agents de l'ICE simplement parce qu'ils font leur travail".
Une affirmation réfutée par le créateur de l'application, Joshua Aaron. "Il est manifestement faux que l'application serve à nuire aux forces de l'ordre", avait-il assuré à Fox Business. D'après lui, la plupart des utilisateurs se tournent vers ces plateformes pour protéger leur propre sécurité, alors que le président Donald Trump renforce les contrôles de l’immigration à travers le pays.