Face à l'invasion russe, Clearview offre son logiciel de reconnaissance faciale à l'Ukraine

Le ministère de la Défense ukrainien se forme actuellement à ce logiciel, controversé pour son utilisation de milliards de photographies d'individus récupérées en ligne.

L'entreprise Clearview AI, spécialisée dans la reconnaissance faciale, a annoncé avoir offert gratuitement son logiciel à l'Ukraine, et plus spécifiquement à son ministère de la Défense. Cette initiative survient dans le cadre de l'invasion russe en Ukraine.

Selon Reuters, qui s'est entretenu avec le PDG de l'entreprise, Hoan Ton-That, les objectifs de l'Ukraine ne sont pas encore clairs quant à l'utilisation du logiciel. Il précise toutefois que celui-ci permettrait aux autorités d'identifier des assaillants russes, mais également les visages des individus ayant péri lors des assauts, ou encore de combattre la désinformation.

D'autre part, les autorités pourront "potentiellement contrôler les personnes d'intérêt aux 'checkpoints' dans le pays", a précisé Lee Wolosky, conseiller de Clearview. Le ministère de la Défense ukrainien a "commencé à se former à l'utilisation du logiciel", selon les dires d'Hoan Ton-That.

L'entreprise a, dans le même temps, annoncé ne pas offrir ses services à la Russie.

Un logiciel controversé

Le logiciel de Clearview dispose d'une immense base de données constituée de milliards de photographies d'individus. La majorité d'entre elles sont récupérées directement sur le net, et plus spécifiquement les réseaux sociaux, par exemple lorsque les profils sont accessibles à tous -une pratique nommée "scrapping", qui consiste à aspirer massivement des données disponibles en ligne. Elle commercialise ensuite cette base de données, qui se présente sous forme d'un moteur de recherche.

Pour cette raison, entre autres, l'utilisation d'un tel logiciel suscite des craintes pour la communauté internationale. Dans plusieurs pays, Clearview AI a fait l'objet de sanctions, principalement pour son non-respect des données personnelles des individus.

En France, la Cnil a mis Clearview en demeure en décembre 2021. La sanction la plus récente vient d'Italie, où Clearview a écopé de 20 millions d'euros d'amende, le 9 mars dernier, pour non conformité au RGPD, le réglement européen sur les données personnelles.

Victoria Beurnez