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Ce bateau à voile va tenter de battre un record du monde de vitesse et c'est un trésor d'ingénierie

Le bateau à voile Richard Mille

Le bateau à voile Richard Mille - Tech&Co

Avec leur bateau à voile au design étonnant, les suisses de chez SP80 espèrent battre un record du monde et ce, sans aucune trace d'électronique.

C'est un bateau "ultra unique" et "ultra innovant", le Richard Mille a été conçu par la petite équipe suisse de SP80 avec comme objectif de battre le record du monde de vitesse. Pour ce faire, pas de moteur, mais simplement une très grande voile, une aile de kitesurf géante.

Une prouesse technique et écologique

Un bateau à voile donc, mais qui ressemble davantage à un avion qu'à un bateau: "C'est assez unique," confie à Tech&Co Laura Manon, responsable marketing de l'entreprise basée à Lausanne, "notre but est d'atteindre les 150Km/h uniquement grâce à la force du vent, sans aucun moteur à bord." Pour s'assurer d'atteindre ce but, l'énergie des pilotes et celle du vent seront utilisée.

Le bateau à voile Richard Mille
Le bateau à voile Richard Mille © Tech&Co

Si un seul modèle a pour le moment été conçu, et est d'ailleurs en phase de test sur les côtes françaises, à Leucate, l'objectif affiché de SP80 est aussi de démontrer qu'un bateau décaborné peut être aussi une excellente alternative aux énergies fossiles: "Ce record, c'est un peu notre vitrine pour montrer ce que l'on peut faire avec les énergies renouvelables. Il y a un potentiel énorme, parfois encore plus que les énergies fossiles."

Pas question de créer plusieurs bateaux de ce type, mais davantage de proposer ses différentes innovations à des constructeurs: "On a développé beaucoup d'innovations pour les appliquer ou les transférer à d'autres domaines."

Un record à 150km/h pour 2025

L'une des principales caractéristiques, au-delà du design, de ce bateau à voile unique en son genre, c'est qu'il dispose d'une "ancre" placée à l'arrière et sous la coque qui permet d'accrocher l'eau et d'éviter que l'appareil ne se retourne sous la force du vent. Il colle ainsi le bateau à la surface, là où des bateaux à voiles plus conventionnels vont éviter au maximum de toucher l'eau, qui peut les ralentir: "On doit gérer pas mal de phénomènes physiques qui apparaissent aussi dans les barrages hydro-électriques, donc on pourrait utiliser ce que l'on a appris pour ça."

La bateau de SP80 dispose d'une encre spécifique pour le maintenir sur l'eau
La bateau de SP80 dispose d'une encre spécifique pour le maintenir sur l'eau © Tech&Co

Même chose pour l'aile de kyte, qui commence à être utilisée par des entreprises de cargos. SP80 se focalise sur le record avec "une innovation poussée à l'extrême", là où les entreprises plus classiques ne se focalisent pas forcément sur la recherche et le développement lorsqu'elles conçoivent un paquebot.

En ce printemps 2024, sur le stand de SwissTech à Vivatech, SP80 nous confie être encore loin des 150km/h, mais se dit aussi sur la bonne route pour atteindre cet objectif. Le record pourrait ainsi être réalisé au printemps 2025: "On a dû y aller étape par étape, car c'était vraiment nouveau pour nous. On savait qu'on avait pas mal de choses à mettre en place, donc de septembre à décembre 2023, on a fait beaucoup de tests, par exemple avec le pilote ou sur la voile."

De nouveaux tests sont programmés pour le mois de juin avec une voile toujours plus grande, qui devrait lui permettre d'atteindre des vitesses allant jusqu'à 90km/h.

Sylvain Trinel